Au cours des trois derniers jours, les forces françaises engagées dans l’opération Serval et leurs homologues tchadiennes ont intensifié leurs actions dans l’Adrar des Ifoghas, où se sont repliés les groupes jihadistes qui avaient pris le contrôle du Nord-Mali en 2012.
Et comme l’a récemment dit le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, “on est en train de toucher au dur”, étant donné que les combattants islamistes retirés dans ce vaste secteur montagneux sont les plus motivés.
“Nous sommes confrontés à des terroristes extrêmement déterminés qui s’appuient sur une zone qu’ils connaissent très bien, où ils ont établi des positions défensives”, comme des postes de combat ou des positions enterrées, a expliqué le colonel Thierry Burkhard, le porte-parole de l’Etat-major des armées, le 28 février.
Les jihadistes mènent “des actions jusqu’au-boutistes”, et leur “action n’est pas construite pour permettre un éventuel désengagement. Manifestement, il n’y a pas dans leur plan de volonté de tenter de s’exfiltrer”, a-t-il ajouté. Et de préciser : C’est “un combat de défense, sans esprit de recul, mais qui est aussi extrêmement consommateur en vies humaines.”
D’où la violence des combats qui ont actuellement lieu. En témoigne l’intense activité de l’aviation française qui, en 72 heures, a effectué 100 sorties aériennes, dont 60% ont été dédiées à des frappes aériennes. Au total, en une semaine, ce sont plus de 200 missions qui ont été réalisées, dont plus d’un centaine a vocation offensive.
Au sol, ce sont 1 200 militaires français, principalement répartis au sein du Groupement tactique interarmes (GTIA) n°3, du GTIA TAP (troupes aéroportées) et du Groupe aéromobile (GAM) qui sont engagés dans cette région. Ils sont accompagnés par 800 soldats tchadiens.
Leur action a permis de détruire plus d’une dizaine de caches d’armes, un quinzaine de véhicules, dont une automitrailleuse BRDM2 et de démanteler un atelier de fabrication d’engins explosifs improvisés (IED). En outre, des postes de combats et des campements ennemis ont été neutralisés grâce aux appuis aériens. En tout, plus d’une quarantaine de jihadistes ont été tués au cours de ces combats.
Selon certains médias, l’un des responsables d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Abou Zeid, aurait été tué avec 43 de ses hommes. A priori, il aurait été la cible de frappes aérienns dans la région d’Etagho, à une dizaine de kilomètres d’Aguelhoc, au nord de Kidal. Il s’agit d’un des secteurs les plus difficiles de l’Adrar des Ifoghas. Cependant, les autorités françaises n’ont pas officiellement confirmé cette information. Pour rappel, ce chef jihadiste est à l’origine de l’enlèvement de plusieurs ressortissants occidentaux et détient encore 4 Français, kidnappés à Arlit, au Niger, en septembre 2010.
Par ailleurs, et en collaboration avec les troupes africaines, notamment maliennes et nigériennes, le GTIA 2 (92ème Régiment d’Infanterie) poursuit ses actions dans la région de Gao, ancien fief du Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), lequel a revendiqué plusieurs attaques ces derniers jours.
Ainsi, les missions de reconnaissance menées dans le secteur ont permis de découvirer une quinzaine d’ateliers et de caches d’armes et de mettre ainsi la main sur 4 mortiers de 82 mm, 70 roquettes de 122 mm, 450 kg d’explosifs et 3 IED.
Enfin, le 28 février, toujours dans les environs de Gao, une opération a été lancée sur l’île de Kadji, sur le fleuve Niger, afin d’en déloger les jihadistes qui y ont trouvé refuge. Près de 6 000 personnes habitent ce secteur, dont plusieurs centaines d’adeptes du mouvement islamiste Ansar Sunna (Les fidèles de la parole de Dieu).