Les bandes armées qui mettent ces jours-ci la Libye à feu et à sang hurlent le même slogan : « Le sang des martyrs n’aura pas été versé en vain ! » Rien n’est moins sûr.
Le pays sombre dans le chaos, et nombre de Libyens disent regretter le temps de Mouammar Kadhafi – le dictateur que les « martyrs » de la révolution de 2011 ont contribué à renverser… Mais au profit de quoi ?
La Libye se décompose. Les rares structures politico-administratives mises en place après 2011 s’effondrent. La vie économique est à l’arrêt. L’une après l’autre, les grandes missions diplomatiques s’en vont, de même que l’ONU et nombre d’ONG. Tripoli, la capitale, et Benghazi et les grandes villes, celles qui hébergent la moitié d’une population de quelque 7 millions d’habitants, sont le théâtre d’affrontements entre bandes armées rivales. Depuis deux semaines, les combats ont gagné en intensité. [...]
Impossible de ne pas poser la question de la pertinence de l’intervention des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne à l’appui de la rébellion de 2011 – intervention que Le Monde a approuvée sans réserve à l’époque. Washington, Paris et Londres ont-ils eu raison de mener cette campagne de bombardements aériens qui a permis aux rebelles de l’emporter sur Kadhafi ?