Cher Jean-Luc Mélenchon,
Vous avez indiqué dans un entretien au site hexagones.fr , qui a été largement repris dans la presse, votre volonté de prendre du champ après les cinq années frénétiques que vous avez passées à la tête du Front de Gauche et où vous avez donné ce que vous pensiez être le meilleur de vous même pour ce parti. [...]
Vous dénoncez le double jeu que joua le PCF, que ce soit en freinant l’expression politique du Front de Gauche lors des élections présidentielles ou en passant des compromis sans principes avec les « solfériniens », pour reprendre le joli terme dont vous avez affublé le parti dit « socialiste ». Ce double jeu a rendu la position du Front de Gauche largement illisible, et partant inaudible. Il ne fut pas pour rien dans le mauvais résultat enregistré lors des dernières élections européennes. Tout ceci est juste. Pourtant, tout ceci était aussi parfaitement prévisible. On connaît les pratiques de la direction du PCF, qui à bien des égards est un parti « zombi », un mort-vivant qui ne tire ses subsides et son importance que des quelques sièges et positions électorales qu’il peut maintenir justement grâce à des alliances avec les « solfériniens » Je sais qu’existent des militants, et même des responsables locaux et régionaux du PCF qui ne partagent en rien l’attitude de leur direction, d’un Pierre Laurent ou d’un Ian Brossat. Les courriers nombreux que j’ai reçus depuis dix-huit mois me le confirment. Mais, la direction du PCF s’est autonomisée de sa propre base, imitant de fait ce qui se passe au Parti dit « socialiste ».
Il faut donc affronter aussi des réalités plus déplaisantes : pourquoi en France le Front national explose-t-il au niveau électoral alors que le Front de Gauche stagne ? Vous n’esquivez pas ce problème, cher Jean-Luc Mélenchon, et c’est tout à votre honneur. Mais l’argument sur le « talent » de Marine le Pen est un peu court et il ne peut convaincre. La véritable réponse se trouve dans la difficulté, pour des raisons électoralistes pour certains (le PCF) et pour des raisons idéologiques chez d’autres, à assumer le caractère radical de la souveraineté. Il y a de cela plusieurs années, j’avais répondu à un journaliste du monde en paraphrasant Lénine : la haine de la Nation est l’internationalisme des imbéciles. En un sens, tout est dit. L’obsession de « revivre les années trente » pousse un certain nombre d’esprits mal avisés à refuser de dire publiquement des choses qu’ils pensent pourtant, de peur d’être assimilés au Front national, un parti qu’ils assimilent – très à tort d’ailleurs – au NSDAP. Ceci les conduit, par étapes successives à rejeter l’idée de Nation au prétexte qu’elle pourrait donner naissance au nationalisme.
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