Au-delà de la guerre de leadership que se livrent les différentes factions de l’ex-GSPC, il est clair que l’influence de la guerre en Libye sur les islamistes radicaux a inévitablement pesé sur la scène sécuritaire en Algérie.
Si aucun attentat kamikaze n’a été enregistré en 2009, l’année 2010 a vu un seul et unique attentat kamikaze exécuté. Il a été perpétré à Zaâtra (Zemmouri) à l’aide d’un véhicule contre un convoi militaire, faisant trois morts et dix blessés.
Mais, c’est l’année 2011 qui comptabilise le plus d’attentats kamikazes dont trois ont été exécutés (Bordj Menaïel, Tizi Ouzou, Cherchell), alors que celui qui visait Alger a été avorté. Paradoxalement, cette recrudescence d’attentats kamikazes intervient au moment où l’ex-GSPC peine à enregistrer de nouvelles recrues. Seules six personnes ont rejoint les maquis en 2010 et 2011 dans la wilaya de Boumerdès contre une vingtaine en 2008 et 2009.
En plus, le nombre de terroristes dans les maquis a nettement diminué du fait que de nombreux terroristes ont été abattus, alors que d’autres se sont rendus. Mais, en dépit de cette situation, les attentats kamikazes ont refait leur réapparition et avec plus d’intensité, même si la tactique a changé, puisque les terroristes optent pour la ceinture explosive et la moto.
Ce mode opératoire a été choisi pour contourner les barricades et les différentes barrières installées devant les édifices publics et sièges des commissariats ou de tribunaux.
Mais il permet aussi d’assurer une meilleure mobilité des kamikazes. Ainsi, après les attentats ciblés qui ont fait de nombreux morts durant ce Ramadhan, ce sont “les doubles attentats kamikazes ciblés” qui commencent à se généraliser. Ces bombes humaines à l’irakienne sont plus redoutables car difficiles à détecter. Néanmoins, selon certains observateurs, cette recrudescence d’attentats intervient dans un contexte régional particulier marqué notamment par la guerre en Libye. Comme en 2007 et 2008 durant les moments forts de la guerre en Irak, les groupes terroristes exaltés ont perpétré de nombreux attentats.
Le conflit libyen a donné l’occasion aux terroristes de se redéployer, voire de recréer des cellules qu’on croyait décimées à jamais, notent certains observateurs. Non seulement ce conflit a déjà permis au GSPC de se doter d’armes et de munitions mais les terroristes se sentent encouragés par les images de ce conflit, d’autant plus que la plupart des rebelles qui mènent la guerre sont des islamistes, à l’image de leur chef Abdelkrim Belhadj, alias Abou Abdallah, un ami de Zarkaoui et qui a fait l’Afghanistan.
Cette influence s’est emparée de certains terroristes de Boumerdès comme ceux qui ont assassiné, jeudi à Si Mustapha, un citoyen et sont venus à bord d’un pick-up assis en arrière arborant leur mitraillette. Ils ont fait une incursion à la libyenne en se croyant être à Misrata, nous a affirmé un voisin de la victime. La multiplication des attentats en cette année de 2011 cache une guerre de leadership entre les différents “émirs” de l’ex-GSPC.
On sait que l’organisation terroriste est minée par des conflits internes, chaque “émir” tentant de se replacer en démontrant ses capacités de nuisance par la multiplication d’attentats aussi spectaculaires les uns que les autres.