L’OSDH affirme qu’une cinquantaine de personnes ont trouvé la mort mardi en Syrie, dont près d’une moitié de militaires. Voilà pour le flou propagandiste. Et maintenant, pour le faits certifiés, c’est à Sana – mais oui – qu’il faut s’adresser, car, si l’agence syrienne ne dit peut-être pas tout, elle est précise et référencée dans ce qu’elle dit.
Donc Sana annonce pour la journée du mardi 5 juin :
Des assassinats d’officiers de l’armée à Deir Ezzor : le colonel Abdel-Qader Hattab, victime de deux terroristes circulant à moto qui ont ouvert le feu sur lui alors qu’il sortait de sa maison dans le quartier d’al-Qoussour. Et le lieutenant-colonel Izzedine Abdallah Sweidane, victime d’un autre groupe
Un autre assassinat d’officier à Bassatine dans la banlieue de Damas : le médecin et général Anouar Saqqa, a péri dans l’explosion de sa voiture, des activistes ayant placé une charge sous le châssis de celle-ci. Le général conduisait sa fille à l’école lorsque la charge a explosé : celle-ci a été grièvement blessée ainsi que le chauffeur.
l’enlèvement d’un général de division, toujours dans la banlieue de Damas : Mohamed Amine Aslane circulait dans sa voiture près de Sahnaya quand un commando l’a interceptée : c’est le plus haut gradé de l’armée syrienne à avoir été enlevé par les radicaux.
l’assassinat d’un étudiant irakien, Seif Ali Mourtada (28 ans), à Babila dans la banlieue sud de Damas. Mourtada, irakien mais né à Damas, était en 4e année d’économie.
Libération s’autorise de ces événements pour y voir une montée en puissance de ses chères bandes armées : « les assassinats d’officiers loyaux au régime commencent à se multiplier« . « Commencent » ? Pas vraiment : cela fait des mois que des commandos armés circulant en voiture ou à moto criblent de balles des généraux et des officiers supérieurs – mais aussi des « notables » civils, médecins ou professeurs -, le plus souvent près de leur domicile ou au violant de leur véhicule, qui peut aussi être piégé.
Non, rien de nouveau hélas sous le soleil terroriste, mais il est certain que cette campagne de décimation des cadres militaires a pour but de démoraliser l’armée. Mais aussi, inévitablement, elle resserre les rangs de celle-ci et accroît sa détermination à anéantir ces ennemis intérieurs appuyés par l’or du Qatar et l’expertise de la CIA ou des services de renseignements turcs.
Quant à Libération, comme tous les médias gaucho-atlantistes, il est toujours à la recherche d’un « second souffle » ou d’une « montée en puissance » de la rébellion, malgré tout contenue militairement et incapable, justement, de « passer à la vitesse supérieure ».
48 heures en Syrie
Non, la rébellion – si l’on peut encore donner ce nom à des groupes qui, de par leurs buts de guerre et leurs soutiens, méritent d’avantage d’être appelés collectivement « la réaction » – n’est pas comme un « poisson dans l’eau » en Syrie : Sana rapporte que des bandes armées ont été interceptées à al-Haffa ( de Lattaquié) alors qu’il s’en prenaient à des établissements publics et privés : deux membres des forces de l’ordre, mais aussi plusieurs activistes ont été tués.
Et lundi 4 juin, les militaires ont repoussé une attaque d’ASL près de Jabal al-Zaouieh (à une trentaine de kilomètres au sud d’Idleb). D’après Sana les renforts vite arrivés ont pu couper la retraite aux rebelles, dont un certain nombre ont été tués ou blessés. Mardi 5 juin, les unités de l’armée ont détruit plusieurs pick-ups, équipés de mitrailleuse lourde, mais aussi des motos, de la rébellion à Ariha, (à une dizaine de kilomètres au sud d’Idleb), infligeant des pertes aux ASL.
Toujours ce mardi 5 juin, à Hama, des groupes d’opposants armés qui se livraient à des intimidations dans les quartiers d’al-Cheikh Anbar et d’al Faray ont été mis hors d’état de nuire, et leurs caches d’armes saisies. Et à Homs, plus précisément à al-Qsir, un point de contrôle de l’armée a repoussé une attaque : quatre assaillants ont été tués et un certain nombre d’autres ont été blessés.
Et nous vous passons les nombreuses opérations de désamorçage d’engins explosifs, et une descente ayant conduit à la libération de trois ouvriers enlevés du côté de Jisr al-Choughour.
L’armée syrienne, souvent frappée dans le dos, ne laisse pas de répit à ces bandes, de mieux en mieux armées hélas : la récente photo d’un blindé lourd détruit par les insurgés à Ariha donne à réfléchir de ce point de vue, la lourde tourelle ayant été séparée du châssis par le projectile utilisé.
Il fait aussi noter que l’ASL a pu, pour la première fois, monter une opération d’envergure, dans le secteur de Houla, le jour de la tuerie : les autorités syriennes ont parlé de 2 à 300 puis de 800 homes armés ayant convergé en pick-ups à partir de plusieurs localités voisines...
Cette opération, d’ailleurs finalement mise en échec avec de lourdes pertes pour les assaillants, était sans précédent par son ampleur – si l’on exclut les combats de Homs-Bab Amr du début de l’année où l’ASL et les salafistes disposaient de plusieurs centaines de combattants, peut-être 2 à 3 000. Sans précédent, mais pas encore renouvelée.
Dans le cas de l’attaque sur Houla, la proximité du Nord Liban peut expliquer l’apparente capacité des rebelles à concentrer des forces relativement importantes, et à combler leurs pertes.
Puisque nous parlons de pertes, c’est encore à Sana que nous empruntons l’habituelle séquence des obsèques militaires : 17 cercueils de plus le 5 juin, ceux d’un colonel, de trois adjudants-chefs, d’un sergent-chef, de quatre sergents, trois caporaux, trois conscrits et un policier, tués, ou assassinés, dans la banlieue de Damas, à Deraa, Alep, Idleb et Deir Ezzor. Depuis le 1er juin, si nous comptons bien, on arrive à un total de 94 tués, dont 88 militaires. Soit une quinzaine de pertes quotidiennes. Et certainement trois à quatre fois plus de blessés.
La Syrie combattante saigne, c’est incontestable, mais elle se défend durement, et on a des raisons de penser que l’Armée arabe syrienne peut tenir beaucoup plus longtemps que l’ « Armée syrienne libre », quoi que recouvre en réalité cette enseigne…