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Les classes moyennes, oubliées du futur prêt à taux zéro

Le futur prêt à taux zéro (PTZ) profitera surtout aux plus bas salaires et ne devrait pas favoriser l’accession à la propriété des classes moyennes en France, a déclaré jeudi Alain Dinin, PDG de Nexity.

Pour les ménages les plus modestes, soit un couple avec deux enfants dont le revenu atteint deux smic au plus (moins de 2.700 euros brut/par mois), le nouveau PTZ devrait améliorer la donne de l’ordre de 10% par rapport au PTZ actuel, a indiqué le dirigeant du groupe de promotion et de services immobiliers, lors d’une conférence de presse.

"Au-delà, assez vite, il n’y a pas d’avantage à faire du PTZ", a-t-il estimé sur la base des informations dont il dispose concernant les détails de la réforme, qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain.

"Il n’y a rien qui favoriserait l’accession à la propriété des classes moyennes", en a conclu Alain Dinin.

L’annonce des modalités d’application du PTZ "universel", dont le coût annuel est estimé par le gouvernement à 2,6 milliards d’euros, est attendue dans les jours qui viennent.

Ce prêt gratuit, destiné à remplacer trois aides existantes (PTZ actuel, déduction des intérêts d’emprunts et Pass-Foncier), sera accessible à tous les primo-accédants, tout en étant modulable selon le revenu et de la localisation.

Mais pour commencer à combler la pénurie de logements en France, Alain Dinin estime qu’il faudrait que le nouveau PTZ profite, comme l’ancien, aux classes moyennes, soit aux ménages dont les revenus vont jusqu’à 65.000 euros par an pour un couple avec deux enfants.

SURTOUT PAS UN "QUADRA"

"Il faut le donner aux gens qui en ont vraiment besoin, c’est-à-dire à tous ceux qui sont éligibles au PTZ actuel, et il ne faut pas que ce soit un leurre", a-t-il déclaré.

Entre 2007 et 2009, l’accession à la propriété des revenus moyens a reculé de 37%, soit bien plus vite que l’ensemble du marché (-31,9%), selon une étude de Michel Mouillart, professeur à l’université de Paris X, publiée jeudi par Nexity.

Le revenu des primo-accédants n’a jamais été aussi faible, à 33.000 euros et moins, alors que celui des acheteurs de logements qui sont déjà propriétaires et des investisseurs a augmenté à, respectivement, 60.400 et 80.000 euros.

Parmi la clientèle de Nexity, 81% des primo-accédants ont bénéficié d’une aide au cours du premier semestre 2010.

"Pour devenir propriétaire (...) il vaut mieux être jeune ou vieux mais avec des revenus supérieurs à la médiane des salaires français, mais ne surtout pas être un ’quadra’ appartenant à la classe moyenne qui cherche à préparer sa retraite", écrit Alain Dinin dans la dernière lettre de conjoncture de Nexity.

Devant la presse, il a ainsi appelé le gouvernement à simplifier le nouveau dispositif, qu’il juge "d’une complexité épouvantable", tout en le mettant rapidement en application, sous peine de pénaliser le marché de l’immobilier en 2011.

"Le nouveau PTZ va dans le bon sens mais il faut le faire simple et vite", a-t-il résumé. "Sinon cela va créer un effet d’accélération, un effet d’aubaine", qu’il a jugé négatif.

INQUIÉTUDE CONCERNANT LES TAUX

En attendant, les conditions exceptionnelles du crédit, avec des taux au plus bas depuis 1964, ainsi que la perspective d’une réforme des aides au logement et du dispositif fiscal pour l’investissement locatif (dispositif Scellier) ont relancé les intentions d’achat des Français et promettent une fin d’année dynamique, estime Nexity, ce qu’anticipent aussi les notaires.

Le promoteur estime autour de 100.000 le nombre de ventes de logements neufs en France cette année, contre 106.000 en 2009.

Le recul annoncé de 10% de l’avantage Scellier ne devrait pas décourager les Français de faire des investissements locatifs.

En revanche, un retournement des taux d’intérêt en 2011 pourrait donner un coup de frein au marché, selon Alain Dinin.

"Un des gros sujets qui se posent à nous ce sont les taux d’intérêt", a-t-il souligné.

En matière de stratégie d’ici fin 2010, Nexity va se concentrer sur l’amélioration de ses marges, sa croissance interne et la reconstitution de son portefeuille foncier, tout en continuant à renforcer son pôle d’administration de biens et à augmenter sa part de marché dans la promotion (10%).

Son objectif de marge opérationnelle pour 2010 reste à 7%, contre 7,3% en 2009. Alain Dinin n’a donné aucune indication pour 2011, mais vise le retour à une marge de 10% à moyen terme.