S’il existe une rentrée littéraire et politique, le mois de septembre est aussi l’occasion de constater l’issue du mercato médiatique. Les chaînes télévisées et radiophoniques troquent et achètent de grandes signatures culturo-mondaines mais également politiques depuis peu. Cela a commencé l’an dernier sur Direct 8 avec Roselyne Bachelot. Désormais, Jeannette Bougrab sévit sur Canal+, Dany le Rouge sur Europe 1 et Frédo Mitterrand sur France Inter.
Ce petit jeu des chaises musicales médiatiques, existant d’ailleurs de même au sein de la presse écrite, dénote une nouvelle fois l’absence de différences idéologiques entre les différents organes de presse. Il suffit de penser au parachutage d’Yves Thréard, ancien cadre du Nouvel Observateur, au Figaro ou à Frédéric Beigbeder qui est passé sans problème du magazine GQ (définit comme un « magazine masculin consacré à la mode, au style et à la culture ») au Figaro magazine.
Plus grave encore, cette nouvelle obsession de recycler des hommes ou femmes politiques en chroniqueurs amenés à discourir sur les mérites du stérilet ou l’usage du boomerang par les singes apprivoisés. Les politiques ne risquent pas de voir redorer leur blason, déjà bien entamé par soixante ans de soumission permanente à l’ordre marchand.
À propos du neveu de François Mitterrand mais aussi de Cohn-Bendit, leurs arrivées sur les ondes radiophoniques soulignent l’absence totale d’incompatibilité entre le métier d’éditocrate et le fait d’aimer les jeunes hommes ou autres bambins ayant atteint l’âge de raison [1]. La baisse du sens moral et des valeurs partagés par la philosophie grecque et les trois religions monothéistes trouve encore une fois une incarnation empirique. Étrangement, le site Internet du Figaro semble avoir sciemment omis de rappeler les casseroles de Frédo [2]. Entre collègues, on ne s’embête pas.
Philippe Val, le patron de France Inter, y est aussi allé de sa petite phrase humoristique : « Ce n’est évidemment pas pour sa qualité d’homme de radio que j’ai choisi Frédéric Mitterrand. Mais parce que Nicolas Sarkozy m’a passé un coup de fil pour me demander de le recaser. J’ai accepté et pris un chèque au passage [3] »... Aucun journaliste de la conférence de presse au cours de laquelle il a lâché ce bon mot n’a cru bon rappeler que son ancien comparse, Patrick Font, fut condamné pour attentat à la pudeur et viol, les psychiatres le décrivant comme un pédophile type obsédé par les enfants [4].
Si le journaliste est « soit une pute, soit un chômeur », l’ascension de l’éditocrate ne paraît plus entravée par des antécédents pédophiles. On reconnaît bien là l’ouverture d’esprit du monde médiatique !