L’apparition du groupe terroriste Daech est due pour une grande part à l’invasion américaine en Irak en 2003 dictée par la « philosophie de domination » de ce pays, selon le réalisateur français Jacques Charmelot.
Dans une interview accordée à Sputnik, le réalisateur français Jacques Charmelot, auteur du documentaire Irak, une véritable imposture affirme que l’invasion américaine en Irak en 2003 a favorisé l’émergence du groupe extrémiste Daech ou État islamique.
Vétéran chevronné, Jacques Charmelot est journaliste depuis près de 40 ans. Il a couvert l’Afrique, les Balkans mais aussi et surtout le Moyen-Orient. Le point de départ de son analyse des dernières années réside dans l’interventionnisme du gouvernement américain, fondé sur des mensonges avérés.
« L’intervention était certainement une erreur pour le peuple irakien, pour les Américains qui ont laissé leurs vies en Irak, certainement pas pour ceux qui y ont trouvé leur intérêt. Sur les 3 ou 5 000 milliards de dollars dépensés, quelqu’un en a certainement profité », déclare-t-il. Dans cet esprit, M. Charmelot cible particulièrement les néoconservateurs qu’il qualifie de groupe d’idéologues « qui se trouvent au cœur du pouvoir américain depuis la fin de la guerre froide ». « Ils considèrent qu’avec l’élimination de leur grand rival, les USA sont devenus la première et l’unique puissance mondiale, et que cette puissance doit être utilisée de façon efficace pour défendre les intérêts des États-Unis à travers le monde ».
Selon le journaliste, c’est « la philosophie de domination » liée à la lutte américaine contre le terrorisme et la prolifération des armes qui a conduit à la guerre prolongée en Irak.
« Les États-Unis décident de combattre les pays qui diffusent la technologie que sont les missiles ou le nucléaire. Et dans ce cas, on entre en confrontation avec l’Irak ou l’Iran. À partir de 2001 s’ajoute à cette contre-prolifération la lutte contre le terrorisme. Les deux choses mises ensemble créent les conditions nécessaires aux néoconservateurs pour embarquer leur pays dans une guerre permanente ».
« Bien entendu, l’intervention [américaine] en Irak a favorisé la création d’une frange de combattants extrémistes qui s’appelle aujourd’hui l’EI, Al-Qaïda hier, et elle sera longtemps encore protagoniste du jeu géopolitique au Moyen-Orient ».
Cependant, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a déclaré que les États-Unis enverraient 615 soldats supplémentaires en Irak afin de soutenir les Irakiens dans leur lutte contre le groupe terroriste État islamique (Daech) et notamment pour les aider à planifier les opérations visant à libérer la ville de Mossoul occupée par les terroristes.
En juillet, Washington a envoyé 560 soldats américains dans le pays pour reconstruire les bases aériennes Al-Qayyarah et al-Asad qui avaient été détruites lors des opérations anti-terroristes effectuées par la coalition internationale menée par les États-Unis. Actuellement, le contingent américain en Irak s’élève à 5 200 soldats.