Aussi bien les États-Unis qu’Israël ne souhaitent pas voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire. Seulement, les deux pays ne sont pas exactement sur la même longueur d’onde quant aux moyens à utiliser pour arriver à cette fin.
Pour le président Barack Obama, la priorité doit être donnée à la diplomatie et aux sanctions économiques, tout en laissant une éventuelle opération militaire contre les sites nucléaires iraniens.
« Tout en poursuivant nos efforts sur le front diplomatique, nous continuerons de resserrer les sanctions. Ma politique ne sera pas de ‘contenir’ l’Iran, mais de l’empêcher d’obtenir des armes nucléaires, et quand je dis que toutes les options sont sur la table, je suis sérieux » a-t-il affirmé, cette semaine, à l’occasion de la visite à Washington du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Ce à quoi ce dernier a répondu que « quand il s’agit de la sécurité d’Israël, Israël a le droit, le droit souverain de prendre ses propres décisions et c’est pourquoi ma responsabilité suprême est qu’Israël reste le maître de son destin ».
Seulement, en l’état actuel des choses, l’armée israélienne n’a pas toutes les cartes en main pour planifier une éventuelle opération aérienne contre les sites iraniens, dont il n’est pas dit qu’elle serait de nature à empêcher, in fine, Téhéran de se procurer l’arme nucléaire.
Selon l’Institut international d’études stratégiques (IISS), de telles frappes mettraient certes un frein aux ambitions du régime des mollahs (si tant est qu’elles existent, ce dont le renseignement américain doute) mais ne les réduiraient pas à néant.
Pour que les forces aériennes israéliennes puissent frapper l’Iran, il leur faudrait des avions ravitailleurs supplémentaires – elles n’en comptent que 8 – et des bombes assez puissantes pour percer les fortifications des complexes nucléaires iraniens. Or, pour l’instant, elles ne disposent ni des uns, ni des autres.
Mais, selon le quotidien israélien Maariv, Washington aurait proposé à Israël des armes anti-bunker ainsi que des avions ravitailleurs à la condition de ne pas réaliser de frappes contre l’Iran en 2012, année électorale aux États-Unis.
Si cette information est vraie – le quotidien israélien cite des diplomates occidentaux et des responsables du renseignement mais la Maison Blanche a opposé un démenti -, cette proposition est assez curieuse dans la mesure où les Etats-Unis n’ont pas d’avions ravitailleurs à vendre – le KC-767 ne sera pas immédiatement disponible – et que la Massive Ordnance Penetrator (MOP), seule bombe jugée capable – à condition de l’améliorer – de détruire les sites iraniens souterrains et fortifiés, ne pourra pas être mise en oeuvre par des avions israéliens étant donné qu’elle est destinée aux bombardiers furtifs B-2 Spirit de l’US Air Force.
Aussi, cette proposition dont Maariv s’est fait l’écho est pour le moins douteuse… A moins que cela signifie que Washington serait disposé de participer à une éventuelle frappe aérienne israélienne contre l’Iran en engageant ses avions ravitailleurs et ses bombardiers dotés de bombes MOP.
« Il est évident que cela (le recours à la force des Israéliens contre l’Iran) aurait un impact mais je pense qu’il est clair que si les États-Unis le faisaient, cela aurait un impact bien plus important » a déclaré Leon Panetta, le secrétaire américain à la Défense, qui a par ailleurs précisé que, même si la priorité est donnée à la voie diplomatique, le Pentagone étudiait des plans d’attaques contre l’Iran « depuis longtemps ».
Autrement dit, si une intervention militaire contre le programme nucléaire iranien s’avère inéluctable, seuls les États-Unis auront les moyens de la mener et une éventuelle opération israélienne, en plus d’être prématurée, ne réglerait en aucun cas le problème mais le compliquerait davantage.