Selon le fascicule envoyé préalablement aux participants de la Conférence Bilderberg 2009 à Athènes (1), deux options s’articulaient autour de la dépression économique en cours : Soit la situation dégénère et conduit le monde pour des décennies dans le désastre, soit la crise est utilisée pour mettre en place un nouvel ordre économique durable avec moins de souveraineté de la part des États, mais avec plus d’efficacité.
Le journaliste d’investigation Daniel Estulin a ensuite confirmé l’agenda de la Conférence Bilderberg de mai 2009 et la mise au point d’un « plan destiné à tromper des millions d’épargnants et d’investisseurs qui croient au matraquage de la relance présupposée de l’économie ». (2)
Utiliser les marchés pour contraindre les pays de la zone euro à des réformes, c’est également ce qu’avait avoué avoué Jean-Claude Junker, patron de l’Eurogroupe, dans un entretien accordé au quotidien suisse Le Temps, le 13 février dernier (3).
Comme nous l’indiquions dans notre article du 23 mai dernier, les attaques contre les pays en difficultés ne vont pas s’arrêter. L’agence de notation Fitch à encore abaissé la note de l’Espagne hier, un mois après – jour pour jour – une autre dégradation du pays par l’agence Standard & Poor’s.
Nous aurions tort de penser que, en instrumentant le chaos, le groupe Bilderberg et l’élite globale en général pourraient être dépassés par les évènements et perdre le contrôle de la situation. Certes, les mesures d’austérités, dont nous publions le détail ci-après, pourraient donner lieu a de sérieuses révoltes dans les pays concernés. Néanmoins, tout est prêt également, dans cette éventualité, pour empêcher, sous pression des peuples, à ce que ces Etats réintroduisent leur monnaie nationale. Il existe un « plan B » – et sans doutes d’autres – pour lequel nous avons reçu des informations de première main, et que nous publierons d’ici quelques jours.
Les mesures d’austérité, pays par pays
ESPAGNE
Après l’éclatement de la crise des subprimes, Madrid a été touchée de plein fouet par l’effondrement du secteur l’immobilier. Sous la pression des marchés à cause de ses faibles perspectives de croissance, l’Espagne a adopté, en janvier, un premier plan d’économies de 50 milliards d’euros d’ici 2013, puis, en mai, 15 milliards d’euros supplémentaires en deux ans. Objectif : faire passer le déficit de 11,2 % du PIB à 6 % l’an prochain et à 3 % en 2013. Pour y parvenir, le traitement de choc comprend une réduction de l’investissement public, une baisse des salaires des fonctionnaires de 5 % en 2010 et leur gel en 2011. La plupart des retraités devront faire face au gel de leur pension l’an prochain. La prime de 2.500 euros versée à la naissance d’un enfant est supprimée. Le risque pour le gouvernement est de s’aliéner les syndicats, ce qui serait de mauvais augure pour la réforme du marché du travail, où coexistent 75 % de salariés très protégés et 25 % de précaires. Une réforme pourtant jugée indispensable par le FMI pour retrouver le chemin de la croissance…
GRÈCE
Incapable de refinancer sa dette à un prix raisonnable sur les marchés, Athènes s’est résignée, fin avril, à demander l’activation du plan de soutien préparé par l’UE et le FMI. En échange, le gouvernement socialiste a été obligé d’adopter en mai un nouveau plan visant à réduire de 30 milliards le déficit public, après les 4,8 milliards d’euros annoncés en mars. Il ambitionne ainsi de ramener sous le seuil européen de 3 % son déficit d’ici 2014, contre près de 14 % en 2009. Cette cure de rigueur sans précédent combine des hausses des prélèvements obligatoires, notamment de la TVA (de 21 à 23 %) et des coupes salariales dans la fonction publique (suppression des 13e et 14e mois pour ceux gagnant 3.000 euros par mois, gels des salaires pour tous). Les réformes des retraites (suppression du 13e et du 14e mois de pension) et du marché du travail, ainsi que la lutte contre une évasion fiscale endémique, complètent ce programme.
IRLANDE
On en parle moins que la Grèce, le Portugal ou l’Espagne, mais Dublin est bien un des maillons faibles de la zone euro. L’économie irlandaise a subi une contraction record de son PIB, 7,1 % en 2009 après 3 % en 2008, touchée de plein fouet par l’éclatement de la bulle immobilière. Mais l’Irlande a jusqu’ici échappé à une attaque frontale des marchés. Car la dette publique irlandaise est bien plus faible que celle des autres « PIIGS » (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne). D’après les dernières données officielles, elle s’élevait à 64,5 % du PIB fin 2009, un niveau inférieur à la moyenne de l’UE. Le gouvernement irlandais a aussi commencé tôt à adopter des mesures de rigueur. Dès 2009, Dublin a adopté deux plans d’austérité de 3 et 4 milliards d’euros, pour ramener le déficit public à 11,5 % du PIB en 2010, après 14,3 % en 2009. Parmi des mesures très impopulaires figurent une baisse des allocations sociales et une réduction de 5 à 15 % des salaires des fonctionnaires.
ITALIE
Après avoir longtemps nié toute nécessité d’adopter un plan de rigueur, l’Italie s’est à son tour soumise à une cure d’austérité. Si, contrairement à ses voisins du sud de l’Europe, Rome a réussi à limiter la progression du déficit public à 5,3 % du PIB en 2009, sa dette est, en effet, l’une des plus élevées au monde (115,8 % du PIB en 2009). Silvio Berlusconi a donc approuvé un plan de rigueur de 24 milliards d’euros sur les années 2011-2012. Ce dernier combine hausse d’impôts et réduction des dépenses. Les salaires des fonctionnaires seront gelés pendant trois ans. Les collectivités locales vont subir une lourde diminution des transferts de l’État. Parmi les autres mesures, les salaires des ministres et des hauts fonctionnaires les mieux payés seront réduits. Du côté des recettes, le gouvernement mise sur un renforcement de la lutte contre l’évasion fiscale. Il devrait par ailleurs augmenter la fiscalité sur les stock-options et les bonus des hauts dirigeants du secteur privé. Cette cure doit permettre à Rome de tenir son engagement de ramener son déficit public à 2,7 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2012.
FRANCE
Même si le gouvernement français refuse de prononcer le mot de rigueur, il n’a pas hésité à prendre des mesures d’austérité. Nicolas Sarkozy a décidé un gel des dépenses de l’État pendant trois ans, ainsi qu’une diminution de cinq milliards, en deux ans, des niches fiscales. La dette de l’Hexagone pourrait à son tour être attaquée par les marchés, car elle a atteint 78,1 % du PIB en 2009, contre 63,8 % deux ans plus tôt…. Pour freiner cette dérive, le déficit public, attendu au niveau record de 8 % du PIB cette année, doit revenir à 3 % en 2013, promet le gouvernement.
PORTUGAL
Lisbonne est dans le viseur des marchés à cause de l’ampleur de ses déficits publics et de ses faibles perspectives de croissance. Face au risque d’une contagion de la crise grecque, le Portugal a donc renforcé, en mai, ses objectifs de redressement budgétaire. Après l’annonce, en février, d’un programme axé sur une réduction des dépenses, le gouvernement a décidé une hausse générale des impôts. Elle entrera en vigueur en juillet et sera « appliquée jusqu’à la fin de 2011″, selon le Premier ministre socialiste. L’impôt sur le revenu devrait augmenter de 1,5 %, la TVA passer de 20 à 21 %. Les profits des grandes entreprises et des banques verront leur impôt augmenter de 2,5 %. L’austérité doit permettre de ramener le déficit de 9,4 % du PIB en 2009 à 7,3 % en 2010.
ROYAUME-UNI
Le pays a été fortement touché par la crise financière qui a fait éclater la bulle immobilière et a mis à mal l’important secteur financier. Le nouveau gouvernement conservateur-libéral a présenté, le 24 mai, un premier programme de 6,2 milliards de livres (7,2 milliards d’euros) de coupes immédiates dans les dépenses des ministères, n’épargnant que la santé, la Défense et l’aide au développement. Les « quangos », des organismes parapublics, seront fortement réduits et les recrutements sont gelés. Pour l’heure, ces économies ne représentent que 1 % des dépenses publiques et 0,4 % du PIB. Mais ce premier train de mesures sera suivi de l’annonce, le 22 juin, d’un nouveau budget pour l’année fiscale, qui s’achève fin mars 2011, puis, à l’automne, par une revue complète des dépenses publiques.
Notes :
1. Rapporté par l’agence de presse Macedonian International New Agency
2. Cité par Le journal d’un Cimbre
3. Lire Le patron de l’Eurogroupe admet avoir utilisé les marchés pour faire pression sur la Grèce