Le plan d’aide de 750 milliards d’euro mis en place en mai dernier avait pour but de venir en aide aux États de la zone euro en difficultés. L’Eurogroupe vient de décider qu’il servira a recapitaliser les banques qui ont échoué aux « stress-tests ».
Décidé en mai dernier par l’Eurogroupe, en lien avec le Fonds monétaire international (FMI), sans aucune consultation du Parlement européen, le plan d’urgence de 750 milliards d’euros était la réponse aux attaques des marchés à l’encontre des pays de la zone euro, et avait pour but de couvrir les obligations d’États de ces pays en difficultés. La mise en place de ce mécanisme s’appuyait sur l’article 122-2 du Traité Lisbonne, qui permet de venir en aide à un État membre confronté à de « graves difficultés ».
Réuni jeudi soir, l’Eurogroupe a décidé qu’il en serait autrement, et que ces 750 milliards serviront a recapitaliser les banques dont le résultat des « stress-tests » aura démontré que leur ratio de solvabilité, appelé Tier one, est inférieur au minimum de 4% fixé par les régulateurs internationaux.
Le commissaire européen des Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a également confirmé que, « si ces tests révélaient des difficultés pour une banque, elles pourraient avoir recours aux aides et aux mécanismes de protection nationaux, la Commission s’engageant à se saisir du dossier rapidement pour donner son indispensable feu vert, et faire appel au fonds d’aide d’urgence en cours de création, financé à hauteur de 60 milliards d’euros par le budget communautaire et capable de mobiliser, au total 750 milliards d’euros avec le soutien du FMI. » (1)
Les « stress-tests » ont pour but de déterminer le seuil de résistance des banques sans la perfusion permanente de la Banque centrale européenne (BCE). Les résultats seront publiés le 23 juillet, après une réunion extraordinaire des principaux intéressés (91 banques européennes) organisée deux jours plus tôt à Francfort par la BCE.
Dans un entretien accordé hier au journal autrichien Kurier (2), Jean-Claude Juncker, patron le l’Eurogroupe, a tenté de rassurer en indiquant que ces tests ne devraient pas mener à de « grosses catastrophes ». Néanmoins, après l’expiration d’un emprunt géant fait par le BCE il y a 10 jours, force est de constater que les banques de la zone euro continuent à se méfier les unes des autres, et que les flux des marchés interbancaires sont au point mort, obligeant hier la BCE à décidé à rouvrir ses guichets aux banques pour deux opérations dites de refinancement.
Comme nous l’avions indiqué en mai dernier (3), les 750 milliards du plan d’urgence seront donc affectés à la recapitalisation des fonds propres des banques, sur le compte des contribuables et de deux générations futures. Le FMI profitera de son engagement dans le processus pour augmenter encore la pression sur les États membres afin qu’ils accentuent les mesures d’austérité déjà misent en place ou en cours de réalisation.
Mais il sera impossible de sauver de la faillite les petites banques, comme les caisse d’épargne espagnoles, qui ont totalement perdu l’accès au marché interbancaire fin mai. Ces petites banques ne survivront pas à l’accentuation de la crise des États sur la dette espagnole. En plus de payer la crise, les contribuables des pays en difficultés pourraient voir leurs économies disparaitre. Mais qui s’en préoccupe ?
Notes :
1. Article des Echos http://www.lesechos.fr/info/inter/0...
2. Article du Kurier http://kurier.at/wirtschaft/2017032.php
3. Lire Et maintenant, l’euro-dollar ? http://www.mecanopolis.org/?p=17340