Le parquet fédéral allemand a anoncé, le 15 août, l’arrestation de 4 hommes soupçonnés d’avoir, par l’intermédiaire de sociétés écran établies en Turquie et en Azerbaïdjan, “aidé à fournir des valves spéciales destinées à la construction d’un réacteur à eau lourde pressurisée en Iran, et donc d’avoir enfreint l’embargo sur l’Iran”, pour un montant de plusieurs millions d’euros.
Bien qu’elle peut être utilisée pour des applications civiles, comme c’est le cas au Canada, ou comme cela l’a été en France avec la centrale nucléaire expérimentale des Monts d’Arrée à Brennilis, aujourd’hui arrêtée, l’eau lourde est aussi susceptible de servir pour des réacteurs nucléaires capables de produire du plutonium destiné à des armes nucléaires.
Cela étant, l’Iran, qui construit un réacteur à eau lourde à Arak, avance qu’il s’agit de produire des isotopes destinés à un usage médical et agricole. Cela est possible. Sauf que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a, en novembre dernier, dans un rapport qui a fait grand bruit, mis en évidence le caractère militaire du programme nucléaire iranien.
En fait, et selon les estimations du renseignement américain, la République islamique n’a pas encore pris la décision de se doter de l’arme nucléaire mais elle se donne les moyens d’en développer une le cas échéant.
Ce qui est certain, c’est que les services secrets occidentaux et israéliens mènent une guerre secrète en Iran. Cela passe par des opérations clandestines (explosions étranges sur des bases appartenant aux Gardiens de la Révolution), l’envoi de virus informatiques (Stuxnet, Flame et plus récemment Gauss) ou encore les assassinats de scientifiques iraniens. Le 13 juillet dernier, sir John Sawers, le très discret patron du MI-6 britannique, avait indiqué que ces actions avaient permis de retarder de 6 ans le programme nucléaire iranien…
Quoi qu’il en soit, l’on sait que pour certains responsables du gouvernement israélien, dont le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et le ministre de la Défense, Ehud Barak, les sanctions internations prises à l’encontre de Téhéran sont inefficaces et que le temps presse avant que les installations nucléaires iraniennes soient fortifiées de telle sorte que leur éventuelle bombardement ne servirait à rien.
Réalité de ce qui se trame ou bien simple opération d’intoxication pour forcer l’Iran à faire des concessions, toujours est-il que depuis quelques semaines, des signes qu’une éventuelle opération militaire israélienne contre les sites nucléaires iraniens est en cours de préparation se multiplient. Et cela, malgré les mises en garde américaines.
Et Ehud Barak peut bien affirmer qu’”aucune décision n’est encore prise”, il n’en reste pas moins que de nouveaux éléments accréditant une intervention militaire viennent d’être mis sur la place publique, dans le but d’y préparer l’opinion publique.
Ainsi, le ministre en charge de la Défense passive, l’ex-général Matan Vilnaï, a déclaré dans un entretien publié par le quotidien Maariv qu’une attaque israélienne contre le programme nucléaire iranien pourrait avoir pour conséquence une guerre “de 30 jours sur plusieurs fronts”, avec la possibilité que des centaines de roquettes et autres missiles soient tirés quotidiennement sur l’Etat hébreu.
Et d’avancer, même, le nombre probable de victimes, qui serait de 500 morts. “Le bilan pourrait être moins lourd mais il pourrait l’être plus. C’est le scénario pour lequel nous sommes préparés, selon les meilleurs experts” a-t-il affirmé. Et c’est la première fois qu’un responsable israélien s’avance ainsi.
Cela dit, l’on sait quand commence une guerre, jamais quand elle se termine… C’est peut être un lieu commun mais rien ne se passe jamais comme on l’a prévu. Qui plus est, et si l’option militaire se confirme, il faudra que les responsables israéliens qui l’auront décidée soient sûrs de leur coup, ce dont doute le général Dempsey, le chef d’état-major américain interarmées, pour qui des frappes contre le programme nucléaire iranien sans appui des Etats-Unis ne feraient que le retarder sans l’anéantir.
Par ailleurs, et c’est un autre signe, le général Matan Vilnaï, nommé ambassadeur en Chine, cédera sa place à Avi Dichter, ex-patron du Shin Beth, le service israélien de sécurité intérieure et député du parti Kadima, qui fait désormais partie de l’opposition. Et contrairement à d’autres responsables de Tsahal et du renseignement israélien, encore en activité ou non, qui se disent hostiles à une opération militaire contre l’Iran sans l’appui américain, ce dernier s’y dit favorable. Et, selon la radio militaire, son arrivée au gouvernement vise à renforcer les partisans d’une telle intervention.