Il semblerait que, tel un célèbre adage ferroviaire, un procès puisse souvent en cacher un autre. Emboîtant le pas cadencé, pour ne pas dire militaire, de ses prédécesseurs, c’est désormais le maire de Paris Bertrand Delanoë qui vient s’ajouter à la longue liste des plaignants (devrait-on dire des plaintifs ?) que l’association Égalité & Réconciliation et son président Alain Soral semblent gêner dans leurs petites affaires.
Réalisée chaque mois, désormais sous forme alternée de conseils de lecture et d’analyses, la vidéo du mois d’Alain Soral peut probablement s’enorgueillir d’être la seule vidéo au monde à mobiliser chaque mois plus de 200 000 personnes [1] qui vont, durant quatre ou cinq heures, écouter des analyses parfois complexes faites par un homme seul sur un canapé rouge. Et c’est ce tour de force qui semble aujourd’hui avoir atteint un seuil d’insupportabilité pour un système en déconfiture.
C’est ainsi que Bertrand Delanoë, épinglé dans l’entretien d’Alain Soral de mars et avril 2013, n’a pas apprécié certains propos concernant des généralités pourtant bien connues relatives à l’enrichissement des hommes politiques et dont les très nombreuses affaires récentes nous démontrent encore la justesse :
(liste non-limitative d’affaires concernant le parti socialiste et mettant en cause soit des maires soit des affaires concernant de l’argent ou des marchés publics)
• Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, 6 mois de prison avec sursis et 30 000 francs d’amende, délit de favoritisme dans l’attribution d’un marché public.
• Harlem Désir, député européen, n°2 du PS, 18 mois de prison avec sursis et 30 000 francs d’amende, recel d’abus de biens sociaux.
• Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d’Île-de-France, prise illégale d’intérêts dans des marchés publics, 6 mois de prison avec sursis, 60 000 euros d’amende et un an d’inéligibilité.
• Jérôme Cahuzac, ex-ministre et ex-député-maire, blanchiment de fraude fiscale, emploi dissimulé d’un étranger sans titre.
• Lyne Cohen-Solal, adjointe au maire de Paris, recel d’abus de confiance.
• Pierre Mauroy, recel d’abus de confiance dans l’affaire de l’emploi fictif de Lyne Cohen-Solal.
• Jean-Noël Guérini, sénateur, association de malfaiteurs en vue de la commission des délits de trafic d’influence, corruption passive et détournement de fonds publics, ainsi que trafic d’influence et favoritisme, détournement de fonds publics, association de malfaiteurs.
• Gérard Dalongeville, ex-maire, 4 ans de prison ferme dont 1 avec sursis, 50 000 euros d’amende, 5 ans d’inéligibilité, pour détournement de fonds public, corruption passive, favoritisme dans l’attribution de marchés publics.
• Sylvie Andrieux, députée, 3 ans de prison dont 2 avec sursis, 100 000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité pour complicité de tentative d’escroquerie et détournement de fonds publics.
• Florence Lamblin, maire-adjointe (EELV), blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs.
• Jean-Pierre Kucheida, ex-député, 30 000 euros d’amende pour abus de biens sociaux.
• Jean-David Ciot, maire et député, détournement de fonds publics.
• Augustin Bonrepaux, président du conseil général de l’Ariège, attribution illégale de marché public.
• Christian Bourquin, sénateur, favoritisme dans l’attribution de marché public, minoration de compte de campagne.
• Jean-François Noyes, conseiller général, association de malfaiteurs en vue de trafic d’influence et recel de trafic d’influence.
• Serge Andreoni, sénateur, complicité de trafic d’influence dans une affaire de marché public présumé frauduleux.
• Bernard Granié, adjoint au maire et président du syndicat d’agglomération nouvelle Ouest-Provence, corruption dans le cadre d’un marché public.
• Patrick Sève, maire et ex-député, octroi d’avantages injustifiés et soustraction de fonds publics.
• René Teulade, sénateur et maire, abus de confiance.
• Monique Delessard, maire, 15 mois de prison avec sursis et 3 ans de privation de droits civiques, faux en écriture publique.
• Philippe Plisson, député et maire, faux en écriture publique et usage de faux, 6 mois de prison avec sursis.
• Henri Emmanuelli, 18 mois de prison avec sursis et 2 ans de privation de ses droits civiques, complicité de trafic d’influences.
• Etc.
Dès lors, comment pourrait-on nous accuser d’être quelque peu interrogatifs, voire suspicieux, sur les fortunes qui se font et se défont dans le milieu politique ? Comment peut-on le reprocher à Alain Soral qui se demande, sur le ton polémique qui le caractérise, dans l’élan de son analyse et, probablement la légitime colère que ces escroqueries réalisées avec de l’argent public suscitent, si là aussi un maire socialiste n’en cacherait pas un autre ?
N’est-ce pas certains commentateurs de la vie politique qui s’interrogeaient eux aussi sur la gestion Delanoë ? Dans Comptes et légendes de Paris. Bilan de la gestion Delanoë, Dominique Foing évoquait la dispendieuse intendance parisienne :
« “Le produit fiscal collecté sur les contribuables parisiens est passé de 1,7 milliard d’euros au budget 2001 à 2,5 milliards au budget 2008, soit 47 % d’augmentation”, signifiant une hausse des impôts pour les ménages parisiens de 70 % entre 2001 et 2011 ; les dépenses de fonctionnement se seraient accrues de 2 milliards d’euros, la dette, relativement faible en 2001, a augmenté d’un milliard d’euros. Dominique Foing met également en avant l’absentéisme des employés municipaux, trois fois supérieur à celui des personnels des entreprises privées de la capitale (“un employé de la mairie travaille en moyenne un jour sur deux !”) »
Le journal Valeurs actuelles ne se questionnait-il pas lui aussi sur la politique clientéliste de Bertrand Delanoë :
« Le montant des subventions versées aux associations serait passé entre 2000 et 2011 de 133 à 203 millions d’euros (+ 52 %), le record étant de 290,5 millions d’euros pour l’année 2007. »
(« Subventions : Delanoë sème à tous les vents », Amaury Brelet, Valeurs actuelles, 16 février 2012).
C’est en tout cas la justice qui devra prochainement nous dire quelles sont les limites à la liberté d’expression, limites sans cesse repoussées, mais dans le mauvais sens. En cette période où, comme le prophétisait déjà Michel Clouscard, tout est permis mais rien n’est possible, Égalité & Réconciliation risque de devenir le marqueur de ce qui n’est plus possible.
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