Le directeur général de l’Institut de la finance internationale (IIF) Charles Dallara a appelé l’Espagne à demander au plus vite une aide financière européenne, qu’elle doit voir comme une reconnaissance de ses efforts, dans un entretien publié vendredi par El Pais.
Je crois qu’au lieu de voir la demande de sauvetage comme un contre-temps pour ce gouvernement, il faudrait la voir comme une reconnaissance de ce qui a été fait jusque là, a estimé le patron de ce groupement d’intérêts rassemblant les plus grandes banques mondiales.
L’Espagne a mis en place des mesures de rigueur difficiles avec le gouvernement de Mariano Rajoy et je ne crois pas qu’un programme d’assistance européenne, qui peut inclure aussi le Fonds monétaire international (FMI), imposerait beaucoup de charges supplémentaires, a-t-il ajouté.
La Banque centrale européenne (BCE) a dévoilé en septembre un programme d’achat de dette publique pour soutenir notamment l’Espagne, mais cette dernière doit d’abord faire une demande d’aide auprès des fonds de secours européens.
Le pays s’y refuse toujours, redoutant les dures conditions qui lui seraient imposées et estimant que les marchés sont suffisamment apaisés par l’annonce de la BCE : Mariano Rajoy a assuré lundi qu’une telle demande n’était pas indispensable pour le moment.
Une aide européenne bénéficierait tant à l’Espagne qu’à l’Europe dans son ensemble, plaide pour sa part Charles Dallara, qui estime que le rythme de rééquilibrage budgétaire en Espagne est peut-être trop rapide.
Engagée dans une course à la réduction du déficit, pour le ramener de 9,4 % du PIB en 2011 à 2,8 % en 2014, l’Espagne a lancé un programme de rigueur pour récupérer d’ici cette date 150 milliards d’euros, mais selon les analystes, celui-ci freine la sortie de récession du pays.
Le paradoxe de ces quatre derniers mois est que, dans un contexte de détérioration de l’économie, la crédibilité du pays s’est améliorée grâce aux annonces de la BCE, note M. Dallara, qui prévient : Ce qui m’inquiète, c’est que cet effet bénéfique ne dure pas sans une aide extérieure pour le pays.
En l’absence d’un large plan de soutien à l’Espagne, il y a un sérieux risque que les marchés réagissent négativement à cette situation, met-il en garde.