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Le libérisme, voilà l’ennemi !

Par Julien Rochedy

Des années que nous sommes profondément gênés par les ambivalences du terme « libéral » dans la sémantique politique.

A priori, nous sommes dans une société dite « libérale ». Celle-ci se définit par :

- Une liberté d’opinion, même encadrée.
- Une démocratie représentative.
- De nombreux droits individuels.
- Une économie capitaliste, libre-échangiste.

Les pourfendeurs de la « civilisation libérale », de la droite traditionnaliste à l’extrême-gauche, rejettent souvent :

- Un esprit général relativiste en tout, son absence de sacré.
- Une démocratie représentative qui se transforme en oligarchie et en ploutocratie.
- Une course effrénée transformant tous les désirs individuels en « droits ».
- Une économie qui tend à donner tout pouvoir aux acteurs privés au détriment de la force publique.

Les raisons de critiquer la « société libérale » sont nombreuses et légitimes, d’autant que « l’idéologie libérale » est manifestement, aujourd’hui, autant partagée par les politiques de la droite parlementaire que de la gauche parlementaire, et ce presque partout en Europe.

Un gros problème demeure cependant : le mot « libéralisme » recouvre plusieurs réalités, dont certaines sont tout à fait bénéfiques pour une société.

Par « libéralisme », beaucoup entendent :

- liberté d’entreprise, développement de l’activité.
- baisse des charges et des impôts.
- liberté de la presse, etc.

Aussi, quand des courants politiques et intellectuels dénoncent la « société libérale » ou la « civilisation libérale », poussant jusqu’à incriminer « l’ultralibéralisme », nombre de bons esprits s’insurgent, imaginant que ces détracteurs seraient par nature des « communistes » souhaitant écraser les entreprises et les foyers sous le poids des impôts, ou souhaitant brimer la liberté d’expression.

Pour ces bons esprits, dont beaucoup sont entrepreneurs ou de professions dites « libérales », la société n’est en aucun cas victime d’un libéralisme exacerbé, notamment quand ils voient leurs impôts augmenter régulièrement depuis des années, et des aides sociales pleuvoir sur des « assistés ».

Pour prendre un exemple parlant, nombreux sont les hommes et femmes politiques (y compris au Front national) qui vont dénoncer dans une même phrase « l’ultralibéralisme » et « les politiques d’austérité », celles-ci étant bien entendu la conséquence de celui-là. Or, il est bien possible qu’un petit entrepreneur ne comprenne en rien que le « libéralisme » puisse justement être la cause de l’augmentation de ses prélèvements obligatoires et du tarissement de la consommation. Il y a de fortes chances pour qu’il y voit au contraire les restes d’un État encore trop omnipotent et bureaucratique. Pour que cet entrepreneur comprenne cette logique perverse et à priori incohérente, il faudrait lui expliquer, entre autres, qu’en Europe, la lutte contre l’inflation est en particulier dans l’intérêt des banques et des grosses fortunes qui ne veulent pas voir déprécier leur capital ou leurs actifs, ou bien que c’est en vertu des milliards que les États doivent rembourser aux banques chaque année que les impôts augmentent, etc. Les raisons qui démontrent que c’est bien à « l’ultralibéralisme » que nous devons l’austérité sont nombreuses et exposées en détail ailleurs, mais cela ne tombe pas sous le sens au premier regard, et implique donc de nombreuses incompréhensions.

Par conséquent, toutes les critiques à l’égard du libéralisme actuel – même lorsqu’il est appelé « ultralibéralisme » – tombent dans le vide chez beaucoup de nos compatriotes.

Ce quiproquo et ces malentendus induits par les ambivalences du terme « libéral » neutralisent ainsi légion de discours politiques.

Pourtant, il faut bien dénoncer une idéologie, des principes, une praxis – qui font que :

- les sociétés s’atomisent jusqu’à l’anomie, développant un individualisme extrémiste qui rompt les solidarités et les cohésions nationales et républicaines (droits à tout et n’importe quoi, rupture avec les traditions, communautarisme) ;
- tout pouvoir est donné aux multinationales et à la finance (les banques) qui, en tant qu’acteurs privés les plus puissants, s’accaparent rapidement une domination complète, au détriment de la chose publique mais également des petites et moyennes entreprises.

La question est – puisque nous avons déjà dit que le terme « libéralisme » n’était pas satisfaisant – sous quel vocable dénoncer ces maux ?

Libérisme :

Le libérisme (dérivé de l’italien liberismo) est un idiotisme italien introduit d’abord en anglais par le politologue Giovanni Sartori et qui désigne une doctrine du capitalisme libéral.

Sartori a importé ce mot de l’italien afin de distinguer entre le social-libéralisme, qui est généralement considéré comme une idéologie politique qui prône une intervention étendue de l’État dans l’économie, et le libéralisme économique qui propose de pratiquement éliminer cette intervention. De façon informelle, le libérisme recouvre des concepts tels que le libre-échange, le néolibéralisme, l’idéologie libertarienne et la notion française de laissez-faire.

En Italie, le libérisme est souvent identifié avec les théories de Gaetano Mosca, Luigi Einaudi et Bruno Leoni. Au niveau international, le libérisme est défendu par l’École autrichienne d’économie, par exemple par Ludwig von Mises et Friedrich von Hayek.

Wikipédia

Par « libérisme », nous entendons donc une idéologie cherchant à donner tout pouvoir aux forces privées, et donc, en dernières instances, aux plus puissantes de ces forces privées : les banques et les multinationales, qui finissent immanquablement par biaiser les principes mêmes du libéralisme en mettant en place des situations monopolistiques et en asservissant toutes structures publiques/politiques qui seules peuvent protéger les plus faibles (et par faibles nous entendons non pas seulement des individus, mais aussi des forces privées de type PME/PMI).

Par « libérisme », nous entendons aussi : idéologie dont les seules mesures sont l’individu et ses désidératas au détriment de la société, de ses traditions, coutumes et cohésions diverses.

Le « libérisme » concourt donc naturellement à l’effacement des frontières (libre-circulation des hommes, des capitaux et des marchandises), à la disparition des États-nations et à la légitimation de tous les désirs individuels, réduits bien souvent à des objets de consommation.

Enfin, pour ceux qui n’auraient pas encore compris : être opposé au « libérisme », c’est tout de même souhaiter rester dans une économie de type libéral, vouloir libérer les forces productives, baisser impôts et charges et garantir une concurrence saine.

En somme, être un vrai libéral dans ce que le libéralisme a de meilleur, c’est être contre le libérisme qui, de surcroît, le biaise et l’entrave profondément.

 






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51 Commentaires

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  • #947831
    Le 28 août 2014 à 19:13 par Manu
    Le libérisme, voilà l’ennemi !

    Dans cet article on peut remplacer "libérisme" par "oligarchisme" cela ne changerait pas le sens. Nous subissons tout les inconvénients du libéralisme sans bénéficier des avantages. Cet article dis donc :

    - plus de libéralisme pour les petits (commerçants, artisants, restaurateurs, patrons de PME PMI etc) qui croulent sous les charges et les démarches administratives donc l’inverse du libéralisme.
    et d’autre part
    - Moins de liberalisme pour les gros (firmes multinationales, banques, finance) qui eux bénéficient d’un systéme dérégulé et déréglementé, de la disparition des frontiéres (dumping social) etc etc donc trop libéral.

    Le systéme actuel fait donc la part belle au capitalisme financié speculatif destructeur de richesses qui est le fait d’une minorité d’oligargues parasitaires, au détriment du capitalisme entrepreneurial industriel créateur de richesses qui est le fait du peuple ( les premiers etant, tant sur le plan des consequences économiques que sur le plan des valeurs et de la vision du monde les pires ennemis des seconds. Ce sont les premier qui poussent au nomadisme et a la world culture au mépris de l’enracinement, des richesses culturelles traditionnelles et des particularismes nationaux auquels tiennent les seconds, issus du peuple).

     

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  • #947835
    Le 28 août 2014 à 19:14 par bitlé
    Le libérisme, voilà l’ennemi !

    à mon avis la formule la plus séditieuse pour désigner l’ennemi autrement qu’avec du vocabulaire antisémite serait "libéral-mondialisme"

    les expressions les plus communes (libéralisme, capitalisme etc.) manquent de pertinence, l’histoire nous l’a montré par le lourd échec de la révolution communiste contre les "capitalistes"

    en revanche, rien n’est moins sûr pour ce qui est du national-socialisme, qui est (oh, comme par hasard !) l’exact opposé sémantique de mon libéral-mondialisme...

    (porte ouverte au *************)

     

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  • #948191
    Le 28 août 2014 à 23:11 par Flamby
    Le libérisme, voilà l’ennemi !

    L’idéologie économique dont nous subissons actuellement les conséquences est aussi « l’idéologie sécuritaire », et cela dans tous les domaines qu’il soit social, politique ou économique.

    Elle vise à sécuriser économiquement les capitaux des forts (Multinationales, Banques, grandes fortunes), au détriment des faibles (Etats PME/PMI et classes petites et moyennes).

    Cela, est rendu possible par l’Utra-dépendance mise en place pour les acteurs faibles de l’économie, par les forts, et dont ceux-ci, via toutes les institutions, locales ou internationales, font édicter aujourd’hui, leur propre règle du jeu économique.

    Cette dépendance économique découle de la maîtrise des coûts et la gestion par le domaine scientifique du risque, de l’efficacité, et du contrôle.

    Il ne s’agit donc pas d’un Libéralisme.

    Car c’est une dérive historique, celle de la gestion productiviste qui a été appliquée à l’économie réelle et de facto à l’économie immatérielle, et dont la finalité en est sa propre destruction.

    Ces forces centrifuges vident de sa substance réelle, l’économie capitaliste : c’est à dire la valorisation par le Marché, de biens et de services, par un risque partagé a parts égales pour tous les acteurs de l’économie.

    Je ne sais plus quel penseur avait déclaré que :



    « là où l’économie soviétique avait échoué, le capitalisme avait réussi, celle de l’égalité et la sécurité, mais uniquement des classes possédantes. »



    La règle économique d’aujourd’hui est définie comme celle du plus fort et donc du quasi-monopole, elle se résume ansi :



    Le risque étant pour les “petits” et la sécurité et les meilleurs profits, pour les “gros”.



    Ce système n’étant pas viable sur le long terme puisqu’il détruit l’investissement, se pose donc le problème soit d’une régulation économique ou d’un libéralisme qui respecterait les règles concernant la prise en charge des risques pour tous les acteurs.

     

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  • #948253
    Le 29 août 2014 à 00:05 par machin
    Le libérisme, voilà l’ennemi !

    Julien Rochedy aurait dû ajouter que la lutte contre l’inflation permet de faire monter le chômage comme le dit Etienne Chouard :
    http://www.dailymotion.com/video/xj...

    Sans parler du NAIRU :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_d...

     

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  • #948992
    Le 29 août 2014 à 18:15 par Souch39
    Le libérisme, voilà l’ennemi !

    Merci pour le concept ca aide comprendre a en effet

     

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  • #949594
    Le 30 août 2014 à 11:09 par Mich
    Le libérisme, voilà l’ennemi !

    Pourquoi donner un autre nom au néo-conservatisme ?

     

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  • #949634
    Le 30 août 2014 à 11:50 par l’oracle a dit...
    Le libérisme, voilà l’ennemi !

    il faut que les dirigeants du FN se calment et arrêtent de se prendre pour des penseurs ou des cerveaux en puissance....qu’ils laissent donc les concepts creux aux socialistes et regardent la vérité en face : l’ennemi, c’est la démocratie, tout simplement et le système parlementaire qui empêchent tout leader patriote d’avoir les coudées franches pour changer les choses !!!! le reste n’est que littérature....

     

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  • #950539
    Le 31 août 2014 à 10:02 par Acte patriote
    Le libérisme, voilà l’ennemi !

    (Libéralisme ou libérisme, çà s’appelle surtout du répoublicanisme siono-maçonnique ! La fameuse république des marchands née du siècle des lumières ...)

    Le régime dirigeant garantit le bien commun et l’intérêt général ! Même la liberté d’entreprise est un droit individuel qui n’est pas dû ... Il se mérite et implique en retour des devoirs précis envers la collectivité (et donc envers la nation) !

    Le FN ne renie pas le mal, il le qualifie autrement et lui retire toute consistance au moment où les français ouvrent enfin les yeux ...

    Qu’il s’autodétruise et Gollnish ou son courant n’avait qu’à se présenter au prochain congrès pour sauver et perpétuer l’héritage de Jean-Marie Le Pen ...

    Tant pis ou tant mieux ! La France n’aime pas les partis et la vraie, la réelle, a toujours eu besoin d’un seul et grand Chef !

     

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  • #950766
    Le 31 août 2014 à 14:35 par machin
    Le libérisme, voilà l’ennemi !

    Pourquoi ne pas faire la promotion de entrepreneuriat et combattre le libéralisme philosophique ? Le deux ne sont peut-être pas incompatible.

     

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  • #951913
    Le 1er septembre 2014 à 23:14 par Julien
    Le libérisme, voilà l’ennemi !

    La dénonciation du libéralisme pourrait à la rigueur être pertinente dans un pays libéral, mais la France n’est pas un pays libéral : c’est une économie mixte où l’État prélève 53% du P.I.B . Ce qui coûte le plus cher à la France (aux travailleurs et aux entreprises) c’est la Sécurité Sociale, pas les intérêts de la dette (qui d’ailleurs découle du choix d’avoir un État interventionniste donc dépensier).

     

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