Les féministes riches et blanches ont-elles laissé le capitalisme faire en permettant l’exploitation des femmes non-blanches et pauvres ? C’est la thèse de la philosophe Nancy Fraser qu’il faut relire alors que des chiffres publiés aux États-Unis montrent les inégalités croissantes entre femmes noires et femmes blanches.
Pendant que la France s’acharne contre le burkini, le fossé économique entre femmes blanches et femmes non-blanches, femmes riches et femmes pauvres, ne cesse de se creuser. Du moins aux États-Unis, selon une étude de l’Institute for Women’s Policy Research, repérée par Slate.com. De 2004 à 2014, le revenu réel des femmes a baissé de 1,6 %. Mais ce sont les femmes hispaniques, noires et amérindiennes qui ont vu leur revenu le plus décliner, respectivement de 4,5 %, 5% et 5,8 %. Alors que celui des femmes blanches a baissé de 0.3 %.
« Les femmes noires sont plus nombreuses proportionnellement dans les emplois faiblement rémunérés (comme les emplois de services à la personne, de santé, et l’éducation) et moins nombreuses dans les emplois bien rémunérés comme l’ingénierie, les nouvelles technologies et les postes de responsables », expliquait l’association l’année dernière.
Les tâches domestiques déléguées
Cette étude rappelle la thèse de la philosophe féministe américaine Nancy Fraser qui, dans une conférence donnée en juin à l’EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales), expliquait que le progressisme féministe, ces dernières années, avait beaucoup fait avancer la cause des femmes blanches et des femmes des classes moyennes et supérieures, mais avait laissé sur le bord de la route la cause des femmes noires et non-blanches, qui appartiennent plus souvent aux classes populaires.
Pire, explique Nancy Fraser, les féministes, voyant dans le travail un moyen d’émancipation, se sont alliées au capitalisme et ont accepté, pour que de nombreuses femmes puissent accéder à des postes à responsabilité et gravir les échelons, que soient déléguées à des femmes pauvres les tâches domestiques et de soin des enfants qu’elles ne pouvaient plus assumer. Elles ont largement encouragé l’ascension des femmes blanches des catégories les plus aisées, sans se préoccuper suffisamment des conséquences sur les femmes pauvres, et généralement non-blanches.
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Comprendre le féminisme et son intérêt pour le Système,
avec Kontre Kulture