Des incidents qui ont fait 43 blessés ont éclaté vendredi à Barcelone entre policiers et jeunes "indignés", lorsque les services municipaux ont démonté le campement de la Place de Catalogne en prévision des festivités de la Ligue des Champions.
Casqués et armés de matraques, les policiers sont intervenus pour disperser un groupe qui bloquait l’entrée de la place, en plein centre de Barcelone, au moment où les camions de nettoyage emportaient les tentes et le matériel installés depuis dix jours.
Comme la Puerta del Sol à Madrid, où les manifestants ont installé un village alternatif, et de nombreuses autres places en Espagne, la Place de Catalogne était occupée depuis dix jours par le mouvement des "indignés".
Relayé par les réseaux sociaux, le mouvement de jeunes, rejoint par des citoyens de tous horizons, s’est développé autour de revendications multiples, concernant tant le chômage que la "corruption" des hommes politiques ou la loi électorale favorisant les grands partis.
Vendredi, la municipalité de Barcelone, la deuxième ville d’Espagne, a décidé de nettoyer le campement afin d’assurer la sécurité en vue des célébrations samedi soir, en cas de victoire du FC Barcelone en finale de la Ligue des champions contre Manchester United à Londres.
Pendant que les camions des services de nettoyage emportaient le matériel, des policiers casqués ont fait usage de matraques et de balles en caoutchouc pour disperser quelques dizaines de manifestants qui bloquaient une des entrées de la place.
"43 personnes ont été légèrement blessées, dont un policier. Cinq ont été hospitalisées surtout pour des contusions multiples", a déclaré une porte-parole du service des urgences médicales.
Les agents de nettoyage ont ensuite fini de démonter le campement, sous surveillance de deux cordons de policiers. Une fois l’opération terminée, environ 2.000 manifestants ont de nouveau envahi la place, aux cris de "No la violencia !" ("Non à la violence" !) ou "El pueblo unido jamas sera vencido !" ("Le peuple uni ne sera jamais vaincu !").
"Une fois le nettoyage terminé, ils pourront revenir, mais sans les tentes, les couteaux et les objets potentiellement dangereux", avait expliqué plus tôt une porte-parole de la police catalane.
"On nettoie la place, la police est là pour faciliter le travail du service de nettoyage. On enlève tout type d’objet qui peut être dangereux, comme des casseroles, des couteaux", a-t-elle ajouté.
"Ils nous font partir à cause du match, mais nous nous réunirons à nouveau, ici ou à un autre endroit car notre match est plus important", assurait Albert Bonet, artiste et manifestant de 42 ans à la barbe blonde.
Des manifestations de soutien ont été convoquées, via Twitter, vendredi à 19h00 (17h00 GMT) dans toutes les villes en soutien aux "indignés" de Barcelone.
"Ils sont arrivés à 06h00 du matin et nous ont dit de tout enlever et de partir de la place. Certains sont partis, mais nous on est resté", a raconté Anais, une étudiante en sociologie de 22 ans.
Sur Twitter, réseau social qui a largement relayé le mouvement spontané entamé le 15 mai par de jeunes Espagnols, les commentaires étaient nombreux vendredi matin.
"Ils nous évacuent avec violence. C’est totalement illégal, les policiers n’ont pas de plaques d’identification", selon un tweet posté sur le compte @acampadabcn (campement barcelone).
Le campement de Lleida (nord-est), une autre grande ville catalane, a également été évacué.
Des milliers d’"indignés" campent depuis la semaine dernière sur des places de toutes les grandes villes espagnoles. A la Puerta del Sol de Madrid, coeur de la mobilisation, les manifestants se sont réveillés vendredi après une nouvelle nuit sans incidents.