« La politique c’est comme l’andouillette, ça doit sentir un peu la merde mais pas trop » sauf qu’en ce moment ça sent un peu fort.
L’Etat vient d’interdire au CIF (Crédit Immobilier de France) d’octroyer tout nouvel emprunt. Le CIF, chargé de financer les ménages les plus modestes (CDD, intérimaires, accession à la propriété des pauvres, emprunteurs sans apport...), va disparaître progressivement dans l’indifférence générale.
Où iront-ils se financer les pauvres ?
Eh bien dans des banques « normales » !
Autant dire que c’en est fini de l’accession à la propriété pour les ménages les plus modestes. Sans parler d’une partie du parc HLM dont la construction était financée par le CIF. Sans compter les 2500 employés qui vont rester sur le carreau.
Vous me direz, le CIF perd de l’argent !
Eh bien même pas !!!!
LE CIF est une entreprise saine, qui fait encore quelques bénéfices malgré la crise et dont les ratios de garantie sont supérieurs aux exigences de Baal III :
http://www.jolpress.com/article/mar...
http://www.charentelibre.fr/2012/09...
Alors, où est la magouille ?
Le 28 août 2012 : face à la crise de financement des États européens, Moody’s Corporation, une agence d’évaluation des risques financiers, dégrade brutalement la note de 3 crans du CIF.
Comme par hasard, le CIF doit se refinancer, 5 jours plus tard, pour 4,3 milliards d’euros sur les marchés financiers. Le CIF ne le pourra pas. Les taux auxquels il pourrait emprunter seraient bien trop forts et plomberaient définitivement la rentabilité de l’établissement.
Le 1er septembre, l’État intervient pour garantir les créances du CIF (on va pas foutre les pauvres à la rue quand même !). Mais le CIF ne pourra plus octroyer de nouveaux crédits, devra céder tous ses encours et rémunérer l’État pour sa caution ! En pleine crise, crise provoquée par l’ingérence des États européens sur le marché financier, notre gouvernement de gauche ne peut pas faire mieux. Il aura validé l’analyse de Moody’s Corporation persuadé que la crise économique éliminera les emprunteurs les plus fragiles. Cela vous en dit long sur la confiance que notre gouvernement porte en son action.
Conclusion :
L’État aura récupéré le CIF en toute bonne conscience, nationalisant les actifs juteux (plus de 4 milliards d’euros) d’une entreprise rentable (46 millions d’euros en positif) tout en pouvant accuser les marchés d’être les méchants « donneurs de mauvaises notes ». (On se demande même jusqu’à quel point la dégradation de la note par Moody’s et l’intervention de l’État ont été coordonnées...).
Un gouvernement de gauche aura restreint l’accession à la propriété des pauvres (on ne transfère pas une expertise d’un claquement de doigts). Un gouvernement de gauche fraîchement élu aura facilité les expulsions de gens en difficulté car sachant ce qui vient d’arriver au CIF, qui voudra désormais reprendre les crédits de ces ménages ? (le Crédit Foncier et le GE Money Bank, les deux autres acteurs de ce secteurs ne le font plus vraiment).
L’État devra financer, encore plus qu’avant, la construction de logements sociaux (et quand on sait combien l’État est efficace à gérer des parcs immobiliers, bref...).
On fout à la rue 2 500 employés d’une entreprise rentable en pleine période de crise.
Il n’y aura aucun journaliste du sérail pour s’engager sur le sujet, parce qu’à gauche, on ne veut pas plomber le gouvernement qui a bien assez à faire, et à droite, on est resté inactif sur le dossier durant les 6 mois de période électorale. Sans parler des nombreux mensonges propagés ou tus, et des conflits d’intérêts...
Et tout cela parce qu’on aura voulu financer une partie de nos systèmes sociaux par la dette : eh oui, jamais Moody’s Corporation ne se serait permis d’abaisser brutalement la note de cette entreprise si nous n’étions pas en pleine crise de financement des États.
Au final, il nous faudra cracher le sang pour rembourser des emprunts contractés par une génération qui aura bénéficié et de la croissance, et du plein emploi, et des retraites, et de structures familiales stables mais qui n’aura pas su refréner un tout petit peu son avidité pour nous transmettre un pays en situation d’équilibre.
Merci aux grands emprunteurs qui n’ont cherché qu’à se faire réélire, qui ont voulu bouleverser la marche du monde. Merci à la gauche de M. Mitterrand et à la droite de M. Sarkozy, de nous avoir, pour les premiers soumis au grand capital et pour les seconds, de nous avoir fait perdre toute souveraineté nationale. Et merci à tous ceux qui veulent favoriser de grands groupes bancaires internationaux qu’on doit régulièrement renflouer au détriment de petites structures comme le CIF qui font de l’argent.
Vous en avez encore d’autres comme celles-là ?
Égalité et Réconciliation demande donc des explications à la justice et à l’État :
Y-a-t-il eu collusion entre Moody’s Corporation et l’État pour récupérer les actifs d’une entreprise indépendante et rentable ?
Que vont devenir les 2500 employés floués par cette manœuvre bureaucratique ?
Comment l’État va pouvoir remplacer l’expertise de cette entreprise vieille de plus de 100 ans et qui remplissait une mission de service public ?
Égalité et Réconciliation rappelle à tous les "vrais" journalistes, que les employés du CIF, fortement mobilisés, devraient manifester une deuxième fois, le 23 Septembre, et qu’il serait temps de monter au créneau, au lieu de noyer le poisson.
M Ayrault, il est temps d’assumer vos propos d’il y a 6 mois :