Pour les chrétiens du monde, Noël est la célébration de la naissance de Jésus, ce Messie envoyé par Dieu pour libérer l’humanité de la domination des puissants et apporter aux pauvres et humbles de la terre la liberté et la paix. Du même souffle, on peut affirmer que pour toutes les personnes de bonne volonté, croyantes ou pas, Noël, est également la fête du visage humain de l’Humanité, un moment où tout devient partage, fraternité, réconciliation, solidarité, joie et paix.
Le titre de cet article m’est venu à l’esprit en lisant les propos tenus par le pape François dans son homélie d’aujourd’hui (20/12/2015) :
« Au moment où l’Histoire nous apparaît déterminée par l’économie du marché, les finances ou les échanges commerciaux, dominés par les puissants, le Dieu de la Nativité est un Dieu qui change les règles du jeu. D’ailleurs, il aime faire cela. Comme le proclame Marie, il est le Seigneur qui détrône les puissants et élève les humbles. » (trad. de l’auteur)
Dans cet extrait, le pape François se réfère à cette prophétie de Marie au moment même où elle apprend qu’elle porte en son sein ce Messie :
« Il a déployé la force de son bras ; il a dispersé ceux qui avaient dans le coeur des pensées orgueilleuses.
Il a renversé les puissants de leurs trônes, et il a élevé les humbles. »
Luc, 1, 51-52
Le Roi Hérode, déjà en son temps, avait pris bonne note de l’arrivée de ce personnage, véritable menace pour son pouvoir de domination sur son peuple. Lui aussi se préoccupait de sa sécurité nationale et ne se gêna pas pour essayer de s’en débarrasser dès sa naissance. Aujourd’hui, Hérode n’y est plus, mais l’Empire y est toujours, cette fois sous le visage des États-Unis d’Amérique qui s’impose au monde comme le Tout-Puissant ayant tous les droits. Ce pouvoir de l’Empire repose sur quatre colonnes : celle de la puissance politique, celle de la puissance économique, celle de la puissance militaire et celle des moyens de communication. Ces quatre colonnes sont les piliers qui assurent sa sécurité nationale et internationale. Toute mise en cause de cette suprématie devient une menace à cette sécurité.
La suprématie politique
Il suffit de lire des journaux, de regarder la télévision, de suivre ce qui se passe dans le monde, pour réaliser que les États-Unis n’ont pas seulement une influence circonstancielle dans le choix des gouvernements, des régimes politiques, des alliances bilatérales et multilatérales des nations. La démocratie, celle qui est compatible avec son pouvoir, est celle sur laquelle il a plein contrôle : contrôle sur le choix des candidats, sur les mécanismes du système électoral et sur le décompte des bulletins de vote.
Les peuples, les nations et les États qui voudraient s’affranchir de ces contrôles sur leur démocratie risquent de connaître de sérieux problèmes. Les pays qui dérogent à cette loi fondamentale non écrite de la suprématie politique des États-Unis sur leur système électoral devront s’attendre à une offensive musclée du principal intéressé.
Il suffit de penser à ces gouvernements émergents de l’Amérique latine dont, entre autres, la Bolivie, l’Équateur, le Venezuela, Cuba, le Nicaragua, pour voir ce dont l’Empire est capable. En Afrique et au Moyen-Orient, ce fut le cas de l’Irak, de la Libye, de l’Afghanistan, et maintenant de la Syrie. Plus que tout, il faut mentionner les pays qui intègrent l’alliance BRICS, lesquels s’affirment contre une gouvernance mondiale unipolaire placée sous le contrôle des États-Unis. Dans ce dernier cas, la Russie et la Chine s’imposent comme des forces qui visent plutôt un monde multipolaire qui respecte le droit des peuples et des nations. Ça ne plaît pas du tout à l’Empire.