Confronté à des taux de natalité catastrophiques depuis des décennies, le Japon fait partie des pays qui subissent déjà de plein fouet, comme l’Allemagne, les conséquences de l’hiver démographique : une population active qui diminue alors même que le nombre de personnes âgées augmente et pèse de plus en plus lourd sur les finances nationales. Mais contrairement à l’Allemagne, le Japon refuse de faire appel à l’immigration ; bien que les candidats ne manquent pas.
Ce n’est pas une solution, a déclaré le Premier ministre Shinzo Abe, qui préfère augmenter l’aide pécuniaire aux personnes déplacées plutôt que de les accueillir au Japon.
Le manque de travailleurs jeunes et la diminution des impôts à récupérer sur les actifs, couplé avec la disponibilité sans précédent de populations à la recherche d’un statut de « réfugiés » n’y ont rien fait. C’est en annonçant le déblocage de 1,6 milliard de dollars à destination des Irakiens et des Syriens « déplacés » dans le cadre du conflit avec l’État islamique que Shinzo Abe a martelé : « Le Japon doit améliorer le niveau de vie de son propre peuple avant d’envisager d’accepter d’accueillir des réfugiés syriens. »
C’est le maintien d’une politique d’immigration des plus strictes qui a cours depuis toujours au Japon. Malgré cela, le Japon a reçu 5.000 demandes d’asile l’an dernier : un « record » qui fait rêver en Europe, où les demandes se comptent désormais en centaines de milliers. En 2014, le Japon a répondu favorablement pour onze (11) dossiers…
Pour un pays qui compte 127 millions d’habitants, c’est minuscule. On compte aujourd’hui soixante autres (60) Syriens qui vivent déjà au Japon et qui ont demandé le statut de refugiés : trois d’entre eux l’ont obtenu, et une trentaine ont obtenu le droit de rester pour des raisons humanitaires. Une paille.
Mais pour M.G. Shetfall, professeur d’histoire culturelle japonaise moderne à l’université de Shizuoka, toute autre attitude est impensable au Japon : « Soulever publiquement la question de l’immigration de masse – ainsi que les ajustements multiculturels qu’elle imposerait nécessairement dans la vie japonaise – comme solution à la crise démographique imminente, confine au sacrilège… Qu’une figure nationale de premier plan s’y risque équivaudrait à un acte de suicide politique. »