Est-ce vraiment un coup de théâtre dans la vaste pantalonnade politicienne hexagonale, ou cet « heureux » dénouement était-il prévisible ?
Finie l’indigestion collective liée à un « pain au chocolat » au goût amer du populisme, oubliée la pomme de discorde née d’une saillie verbale fielleuse, l’heure est à la rhétorique de l’apaisement après que Jean-François Copé, champion de la volte-face de la droite décomplexée, ait rencontré aujourd’hui le Conseil français du culte musulman (CFCM) et « exprimé des regrets » tout sucre tout miel…
Une pirouette qui forcerait l’admiration si elle ne révélait le cynisme du personnage, et dont les prodigieux effets ont agi immédiatement : le CFCM a retiré la plainte déposée, en octobre dernier, contre le président auto-proclamé de l’UMP, pour ses « propos diffamatoires à l’égard de tous les Français de confession musulmane » aux relents islamophobes nauséabonds, comme le réprouvait alors Abdallah Zekri, président de l’observatoire national contre l’islamophobie au sein du CFCM.
Expert du travestissement de la réalité, qu’elle soit chiffrée comme les suffrages d’une primaire interne pitoyable, ou qu’elle relève de la dialectique, comme sa viennoiserie empoisonnée, Copé, le bonimenteur qui joue sur tous les registres de l’émotion, vient de montrer une nouvelle fois toute l’étendue de son talent. Il aura suffi qu’il endosse le rôle du candide dépassé par l’ampleur de la polémique, criant au contresens tout en feignant la contrition, pour que le CFCM passe l’éponge.
Mais son sens de la formule et ses stratagèmes grossiers n’y feront rien, son « pain au chocolat » reste et restera longtemps encore sur l’estomac de tous ces citoyens, contribuables et électeurs qui étaient ainsi odieusement livrés à la vindicte : les musulmans de France.