Suite aux événements qui ont secoué la France la semaine dernière, le CRIF s’est invité dans le bureau du Président de la République, du Premier ministre, du ministre de l’Intérieur et du ministre de l’Éducation.
Avec Laurent Fabius, Roger Cukierman, président du CRIF, accompagné de son directeur exécutif Robert Ejnes, a parlé du vote de la France à l’ONU en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien, jugé « inutile » et nuisible à l’unité des nations occidentales avec Israël, le veto des États-Unis étant annoncé et faisant échouer l’initiative palestinienne. Le chef de la diplomatie française a rassuré son interlocuteur, lui faisant part de l’amitié intacte entre la France et le régime sioniste et lui promettant plus de fermeté dans le dossier iranien.
Très pressée de satisfaire M. Cukierman, qui lui a fait remarquer « l’échec de l’Éducation nationale dans sa mission républicaine », Najat Vallaud-Belkacem a fait des propositions, notamment :
éduquer au vivre-ensemble dès le CP ; mise en place d’un programme de morale civique adapté pour chaque classe de la maternelle à la terminale ;demander à l’inspection générale une mission d’audit sur la situation de l’enseignement public dans les banlieues ;
prévention et suivi des écarts (réactions suite à la minute de silence de la journée de deuil national), avec mise en place de moyens pédagogiques pour les élèves et les parents ;
mise en place de sanctions adaptées pour tout comportement raciste ou antisémite dans les établissements scolaires, et être ferme sur les sanctions ;
enseigner les religions à l’école et le respect de l’autre ;
dans le cadre de la morale civique, enseigner la lutte contre les préjugés contre les religions et contre toutes les minorités, par des groupes de paroles ;
distinguer l’antisémitisme du racisme et enseigner la lutte contre toutes les exclusions (homophobie, sexisme, anti-islam, etc.) dans le cadre du modèle républicain dans sa globalité ;
assurer une formation continue des enseignants sur l’antisémitisme, avec l’aide notamment du Mémorial de la Shoah ;
enseignement des principes fondateurs des principales religions à l’école ;
renforcer la participation des associations et des entreprises dans la mise en place d’outils pédagogiques (ex : le kit RATP d’éducation civique) ;
promotion et incitation à adapter les exemples de lutte contre l’antisémitisme qui ont réussi (ex : le film Les Héritiers) et des programmes primés (Ex : Prix Corrin) ; idem pour les autres types d’exclusions ;
mise en place de journées thématiques dans le calendrier scolaire, notamment le 27 janvier, anniversaire de la libération des camps de la mort, et le 21 mai, journée de la reconnaissance des traites et des esclavages comme crime contre l’humanité ;
favoriser les prises de paroles, discussions et déconstructions des préjugés et actualités liées à l’antisémitisme et à l’exclusion, en restant dans l’actualité (ex : Dieudonné).
L’UMPS a invité le CRIF afin d’évoquer la situation politique en France. Face à Jean-Christophe Cambadélis, M. Cukierman a contesté le choix du PS de soutenir l’initiative palestinienne aux Nations unies, qualifiée de « vote électoraliste ». L’organisation communautaire souhaite le soutien du parti majoritaire aux « mesures contre le terrorisme islamique et en faveur de l’éducation civique dans l’École républicaine ». Le premier secrétaire du PS s’est inquiété de la volonté d’un nombre grandissant de Français juifs de faire leur alya.
En présence de M. Cukierman et de Francis Kalifat, vice-président du CRIF, le Président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, a livré les propositions de son parti pour améliorer la sécurité de la communauté juive.
L’UMP n’est pas en reste puisque Nicolas Sarkozy, qui avait ordonné à son parti de voter contre la résolution palestinienne à l’ONU, a fait du zèle en assurant M. Cukierman que les mesures annoncées par le gouvernement étaient insuffisantes et qu’il fallait aller plus loin...
Enfin, et malgré son emploi du temps chargé, le dirigeant du CRIF a trouvé le temps de s’exprimer sur la chaîne étasunienne NBC.