Je suis d’accord avec votre interprétation astrologique, mais l’assimilation de verseur d’eau à Marie me paraît un peu "rapide", de même que me paraît rapide la manière dont, en apparence au moins, vous jugez les Brague, Guyénot et Cérise, etc... même si dans le fond, je suis plutôt d’accord avec vous.
Au sens premier, le Verseau c’est l’ancrage du monde des idées dans le monde de l’esprit. La tête (testa = "cruche") étant pleine d’eau, c’est-à-dire de vie et de mouvement. Si l’on associe traditionnellement au Verseau l’idée de solidarité par exemple, c’est d’abord parce que le monde des idées vivantes tend de lui-même à créer des organismes.
Maintenant la figure de Marie "loyale servante du Seigneur" ne me paraît pas vraiment refléter le dynamisme nécessaire à cette pensée. Même si je reconnais que faire de Marie une porteuse du vase peut s’interpréter comme lié à la nécessité de "nettoyer" la conscience (par le silence), pour rendre possible la pensée vivante du Verseau.
Mais pour rester dans une optique chrétienne, la figure canonique de Verseau serait plutôt Jean-Baptiste, celui qui justement prépare les voies du Seigneur.
Dans cette optique il ne s’agit pas d’être croyant au sens "dogmatique" qu’on prête usuellement à la croyance — par dogmatique je veux simplement évoquer un "contenu" déterminé (dogma = ce qui est montré). Justement, cette foi substantielle ne peut apparaître qu’après, comme dans la métaphore où la plante ne voit la lumière qu’après l’arrosage. Mais ce faisant, le contenu de la foi, le "dogme" aura perdu son caractère péjorativement "dogmatique".
Non dans cette optique, celui du Précurseur, il s’agit d’être croyant dans un sens "mystique", c’est-à-dire précisément anti-dogmatique, car vide de contenu (mustos = silence). C’est le sens de la quasi-nudité du Baptiste, du fait qu’il vit en marge de la société croyante de son temps. Pierre de Brague évoquait Lénine comme un "ascète de la révolution". Eh bien voilà, c’est d’ascèse qu’il s’agit, pas de "croyance" au sens usuel. L’ascèse c’est de la "croyance pratique", c’est de la pensée qui se purifie (silence, prière) pour accueillir une pensée plus grande. Mais il ne s’agit pas de claironner les noms de Jésus et de Marie dans des conférences.