Egalité et Réconciliation
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La reprise économique américaine se fait attendre

Les consommateurs américains ne veulent décidément pas admettre que, contrairement à ce qu’affirment économistes et prévisionnistes, la reprise soit au coin de la rue outre-Atlantique.

Selon un sondage de la société d’études AlixPartners à paraître le 20 juillet, 63 % des Américains n’attendent pas la reprise avant 2012, 20 % donnent la priorité à leur désendettement, 13 % craignent de perdre leur emploi : au final, 83 % envisagent de ne pas dépenser plus que l’an dernier pour les biens non essentiels.

La consommation ne devrait donc pas prendre le relais du plan de relance de 787 milliards de dollars lancé en 2008, contrairement à ce qu’espérait l’administration de Washington.

Ce sondage renforce encore l’hypothèse d’une rechute de la croissance américaine (le "double dip"), déjà visible à travers la série d’indicateurs négatifs publiés à la fin de la semaine dernière : la Réserve fédérale a révisé sa prévision de croissance pour 2010 entre 3 % et 3,5 %, alors qu’elle prévoyait, en mai, une croissance de 3,2 % à 3,7 % ; le taux de chômage, qui avait légèrement reculé en début d’année, est resté stable à 9,5 %, alors que le nombre de chômeurs en fin de droit a dépassé les deux millions – la prolongation de la durée d’allocation fait l’objet d’une bataille acharnée au Congrès ; l’indice de confiance des consommateurs Thomson Reuters/université de Michigan est tombé en juillet à 66,5 points, dix de moins qu’en juin ; dans l’immobilier, les mises en chantier ont diminué de 593 000 à 580 000 entre mai et juin, et les ventes de 5,66 à 5,4 millions ; l’indice des prix a reculé de 0,1 % en juin pour le troisième mois consécutif, alors que la Fed estime à 2 % le niveau d’inflation nécessaire pour relancer la machine économique.

Enfin, le Baltic Dry Index, qui mesure l’évolution du prix du fret maritime des matières premières, est en chute libre depuis deux mois, s’approchant dangereusement des plus bas observés à l’automne 2008.

Simultanément à la réussite, la semaine dernière, de la levée de 28 milliards d’euros d’emprunts par différents Etats européens sur le marché des capitaux, ce "trou d’air" de la reprise américaine décrit un scenario inverse de celui annoncé jusqu’ici par les économistes : grâce à une vigueur économique retrouvée, les Etats-Unis se détacheraient nettement d’une Europe empêtrée dans un endettement publique insupportable.

En réalité, les mauvaises perspectives de la croissance américaine ont entraîné une chute des indices boursiers et une détente sur les marchés obligataire. Le taux des bons du Trésor américain à 10 ans ont perdu 6 points de base depuis le milieu de la semaine dernière, les investisseurs préférant à nouveau acheter de la dette d’Etats, même européens, plutôt que des actions. Ce qui allège d’autant le coût des dettes publiques.