Vous avez un problème avec un étranger ? La police de la petite ville grecque de Kalamata n’interviendra pas, mais elle invite les citoyens à téléphoner aux néonazis du parti Aube Dorée qui enverront leurs milices privées.
Le parti néonazi Aube Dorée est entré au Parlement grec lors des élections de juin dernier. Il revendique 7% des voix et compte 18 élus. Il a construit sa popularité parmi la population grâce, notamment, à un travail sur le terrain, distribuant des colis alimentaires aux plus démunis (à condition qu’ils soient de nationalité grecque et qu’ils présentent leur carte d’identité), de plus en plus nombreux à cause de la crise.
A travers tout le pays, les agressions xénophobes se multiplient : des gangs des Grecs, armés de massues, de barres de fer ou de bouteilles s’en prennent aux demandeurs d’asile et aux réfugiés dans la rue, dans les transports en commun et parfois même à leur domicile.
Alors que le lien n’est pas attesté par la justice, "il y a des preuves suggérant que des agresseurs sont membres, ou proches" d’Aube Dorée selon Human Rights Watch. Cette organisation, avec Amnesty International, dénonce "la répression massive" et "illégale" contre les sans-papiers. Et le Haut-commissariat des réfugiés des Nations unies se dit préoccupé de "l’aggravation" des attaques racistes en Grèce et demande au gouvernement de prendre des mesures adéquates.
Commando sur un marché
Début septembre, les miliciens d’Aube Dorée ont ouvertement mené une action de commando sur un marché près d’Athènes en "contrôlant" les papiers des revendeurs ambulants d’aspect étranger. Lorsque les papiers ne leur paraissaient pas en ordre, les stands étaient détruits sur place. Le parti néofasciste a prétendu avoir prévenu la police, et cette dernière déclare s’opposer à ce type de pratiques. Une enquête aurait été ouverte pour usurpation d’identité et atteinte à la propriété.
Toujours est-il que l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces attaques semble accréditer la thèse de collusions présumées entre la police et l’extrême-droite. En organisant la distribution de vivres, Aube Dorée comble certaines lacunes de l’Etat. Et les milices paramilitaires de cette formation veulent se substituer à la police par des opérations commando.
Rue89.com raconte qu’une habitante de la petite ville de Kalamata téléphone un soir à la police, inquiète de voir un homme de couleur dans son jardin. Elle est abasourdie de s’entendre répondre que les policiers ne viendront pas mais qu’elle n’a qu’à s’adresser à Aube Dorée, et l’officier lui fournit même le numéro de téléphone à composer. Elle refuse d’appeler ce numéro et, après réflexion, téléphone à nouveau au poste de police, où on lui répète que la police n’a pas les moyens d’intervenir et ne viendra pas. Quelques minutes plus tard, sans qu’elle les ait contactés, les milices d’Aube Dorée arrivent et chassent la personne qui était dans le jardin. Et, puisqu’ils sont là, ils en profitent pour encercler une maison proche occupée par un Pakistan, avant d’y bouter le feu. Qui d’autre que la police a pu leur demander d’intervenir ?