Après une mission secrète de plusieurs mois, la petite navette militaire X-37B s’apprête à revenir sur Terre. La finalité de cet engin spatial de l’US Air Force reste floue. Aux dires des spécialistes, ce programme pourrait préfigurer un engin spatial résolument offensif, capable d’espionner ou de détruire des satellites.
Après avoir tourné autour de la Terre sur des orbites que l’US Air Force s’est efforcée de cacher en les modifiant régulièrement, l’X-37B, un engin automatique ailé, doit atterrir à la façon d’un avion sur la base de Vandenberg en Californie, entre vendredi et lundi prochain.
Ce retour sur Terre s’accompagne d’une multitude de questions... qui ne trouveront vraisemblablement aucune réponse.
Si l’on en croit l’USAF, ce programme de « drone spatial » n’a pas d’autre but que de tester de futurs équipements destinés aux satellites militaires et des nouvelles technologies liées à la réutilisation. Autrement dit, il s’agirait que d’un simple véhicule de test orbital. Mais ce prototype, né de l’imagination d’ingénieurs de la Nasa au Marshall Space Flight Center, a été repris en main par l’armée, de sorte qu’on peut penser qu’il pourrait être utilisé à des fins militaires.
Aujourd’hui, la militarisation de l’espace est devenue une réalité. L’économie et les capacités militaires terrestres, aériennes et navales de nombreux pays développés dépendent en effet d’infrastructures à la fois terrestres et spatiales, que l’on qualifiera de duales. Et chacun cherche à sécuriser les siennes tout en se donnant les moyens de démolir celles des autres.
Gérer la militarisation de l’espace, une délicate nécessité
Les États-Unis sont le pays dont l’économie et le dispositif global de défense dépendent le plus de ses systèmes spatiaux. Cependant, la plupart de ces satellites évoluent sur des orbites qui les rendent pratiquement inaccessibles.
C’est le cas des constellations utilisées pour les communications, l’observation et l’alerte avancée. La destruction de quelques-uns de ces satellites nécessiterait une attaque d’envergure et n’empêcherait pas ces systèmes de continuer à fonctionner. Jusqu’à présent, seuls des satellites en orbite basse ont pu être détruits ou neutralisés depuis le sol mais de façon visible et prévisible.
D’où le besoin de disposer d’une petite flotte spatiale, capable d’atteindre l’orbite basse et de travailler en toute discrétion. S’il n’existe aucun programme de cette nature, force est de constater que le X-37B peut préfigurer ce type d’engins. S’il s’avère que ce programme doit déboucher sur un engin spatial résolument offensif, il est à craindre que la Chine, voire la Russie, soient contraintes de réagir, le fragile équilibre entre ces agences spatiales pouvant se rompre au seul bénéfice des États-Unis.
En disposant d’un tel avion spatial, les Américains seront les seuls capables d’envoyer en orbite un engin sans qu’aucune autre puissance spatiale soit en mesure de déterminer sa mission. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui car chacun sait ce que font les autres... Sauf avec le X-37B.