Dans notre film à grand spectacle, l’émir du Qatar ne figure pas au casting. Normal, pour faire main basse sur le gaz (ce qui arrange les américains et contrarie les russes), il y avait 2 conditions : financer discrètement l’opération et désinformer avec la CNN du Qatar : Al Jazeera.
Le complexe militaro-industriel américain, le lobby sioniste, les pétroliers, les faucons ont observé le résultat de cette guerre en se frottant le ventre. Tant de chantiers, de contrats sans trop se mouiller, sans trop avoir de victimes à déplorer côté yankee, quel bonheur de sous-traiter une guerre !
Et puis le grand plan de remaniement du Moyen-Orient, appelé « Project for the new American century » avance sans trop d’ accros, alors que demander de plus !
Comme dans un blockbuster à la Spielberg, le story-telling fut parfaitement maîtrisé pour converger vers un Happy end héroïque. Les armées de l’Otan volant de victoires en victoires, « libérant » un peuple uni contre l’oppresseur, avec un futur gouvernement composé d’anciens résistants. Soit une guerre propre avec un heureux dénouement.
Les innocentes victimes, les effroyables bombardements (30 000 bombes), les corps déchiquetés, les bras et jambes arrachées, les invalides, les orphelins, la peur et le désespoir, bref l’horreur de la guerre fut volontairement minimisée ou dissimulée. 7 longs mois de pilonnages, d’envois de missiles téléguidés, de raids aériens, de survols de drones transformés en une promenade humanitaire.
Inutile également de dire qu’il n’y a jamais eu d’unité populaire contre Kadhafi mais une guerre civile entre Tripolitaine et Cyrénaïque. Le vieux leader, de ce pays indépendant et sans dette, n’étant pas si barbare envers son peuple en matière d’éducation, de santé, d’accès à l’énergie (eau et électricité gratuites).
Yves Bonnet, ancien Directeur de la DST, révèle que Kadhafi n’a jamais bombardé sa propre population.
Mais il valait mieux montrer des charniers d’un Kadhafi démoniaque, c’est une séquence incontournable depuis Timisoara…
Superflu de préciser que le Conseil National de Transition n’a rien de démocratique mais est avant tout composé de prises de guerres proches de la CIA et non reconnues par l’Union africaine. Cela pouvait nuire à la crédibilité des vainqueurs…
Enfin, le héros devait être acclamé par le peuple Libyen pour recevoir l’oscar tant mérité. Sarkozy, expert en récupération électoraliste, fut l’heureux élu. Il put ainsi redistribuer les contrats à ses amis en toute opacité (35 % du pétrole entre autres pour la France + la reconstruction partielle du pays).
Le petit GI français a même reçu un satisfecit du parti socialiste, c’est dire à quel point la formule « blanc bonnet, bonnet blanc » se vérifie entre les partis de gouvernement.