L’UE pourrait-elle s’effondrer ? Inimaginable ! Impossible ! C’est pourtant bien ce qui se disait il y a quelques mois à peine, dans le cas où la Grèce ne réussirait pas à rembourser sa dette.
Aujourd’hui, alors que l’UE se débat pour mettre au point un deuxième lot de mesures de renflouage pour ce pays, la conversation porte de plus en plus non sur la manière de sauver la Grèce – et avec elle l’Eurozone, mais sur le moment où et la manière dont cette faillite aura lieu. A présent, tout le monde se demande non seulement si la Grèce va être en faillite mais si ce sera le chaos. L’inimaginable est devenu la question de base.
Le défaut de paiement de la Grèce, même si en fait il serait bon pour ce pays, provoquera une crise économique, politique et existentielle massive pour l’UE. Un défaut de paiement mettrait une pression énorme sur d’autres économies européennes faibles, en particulier le Portugal, l’Irlande, l’Espagne et l’Italie. Cela causerait une crise parmi les banques européennes.
Mais chose plus importante, l’Europe se retrouverait devant un choix : sauver l’€uro ou sauver l’UE ? Pas le temps de forger une pure et simple union fiscale et politique. La seule manière permettant à la fois de protéger les économies viables du nord et du centre de l’Europe et de permettre aux économies plus faibles du sud de se rétablir, c’est que le groupe principal de pays permette - voire exige - que le second groupe quitte l’Eurozone.
Ce qui modifierait fondamentalement et irrévocablement le caractère et l’objectif de l’UE. En fait, si la contagion économique touchait la France, l’UE s’effondrerait à coup sûr.
Il n’est pas sans ironie que le déclin de l’€uro et la mort de l’UE seront sans doute une aubaine pour l’OTAN. En l’absence d’une UE forte et en expansion, l’OTAN serait la seule force gravitationnelle exerçant une influence unificatrice sur tout le continent. L’OTAN inclut déjà plusieurs pays qui ne sont pas membres de l’UE ; ce nombre augmentera considérablement si une crise de l’€uro éclate.
Le plus important est que l’OTAN devra monter la garde auprès de l’Europe pendant une période qui pourrait bien ressembler aux années ’30 – du point de vue économique aussi bien que politique. L’OTAN peut aider à stabiliser des gouvernements européens faibles subissant une tension énorme.
Il peut également dissuader des puissances étrangères d’exploiter la faiblesse temporaire de l’Europe. Enfin l’OTAN fournit les meilleurs moyens d’optimiser une réserve sans doute amoindrie de capacités militaires transatlantiques.
Ces dernières années, en dépit de ses contributions aux conflits en Afghanistan et en Libye, il est de bon ton dans certains cercles d’écarter l’OTAN comme un anachronisme suranné. Il pourrait bien arriver que l’OTAN se révèle le plus important lien états-unien du 21e siècle dans le domaine de la sécurité.