Bientôt, on vit des centaines, puis des milliers, puis des millions de civils germanophones se lancer, sous un mètre de neige, dans une fuite éperdue vers l’Ouest.
Abandonnant tout derrière eux, 14 millions de germanophones quittèrent alors, pour ne jamais y revenir, la Prusse orientale, les Sudètes, la Silésie, la Pologne, la Poméranie, toutes ces régions où ils étaient nés et avaient toujours vécu.
On les vit partir à pieds ou s’entasser dans des charrettes à bras. On les vit mitraillés à bout portant par les mitrailleuses russes, ou engloutis par les lacs gelés sur lesquels tiraient les tanks de Staline. On les vit déchiquetés par les Chtourmoviks qui lançaient leurs bombes directement sur les foules agglutinées aux quais d’embarquement de Gnydia. On les vit noyés dans les torpillages du Wilhelm Gustloff, du Goya, de tous ces navires sur lesquels ils avaient pris place pensant ainsi échapper à l’enfer. On vit des dizaines de milliers de vieillards, de femmes, d’enfants innocents mourir de froid sur le bord des routes ou à l’intérieur de trains immobilisés en rase campagne. On vit les survivants se précipiter sur les vêtements des morts, et abandonner les cadavres nus dans la neige. On vit deux millions de femmes allemandes se faire violer par deux, trois, cinq, dix soldats russes,...
Mais si cet exode fut sans conteste l’un des plus importants de Tous les Temps, il reste cependant l’un des plus méconnus. Et s’il n’a jamais manqué de belles âmes pour s’indigner et condamner les bombardements anglo-américains sur les villes allemandes, qui firent plusieurs centaines de milliers de morts à Hambourg, Dresde, Berlin ou ailleurs, peu de larmes furent en revanche versées sur les quelque deux millions de réfugiés germanophones qui, en tentant d’échapper à l’armée rouge, périrent de faim, de froid, d’épuisement, ou sous la mitraille et les chenilles des tanks russes.
Répondre à ce message