La semaine dernière encore, François Hollande et Pierre Moscovici ont répété que la crise de la zone euro était terminée. Même si les marchés restent calmes pendant quelques temps, de nombreux faits montrent qu’il n’en est rien et que le château de cartes financier est toujours aussi instable.
L’incendie n’est pas éteint
Les meilleurs indices de tension sur les marchés sont les taux à 10 ans de l’Italie et de l’Espagne. Et il faut dire qu’ils étaient tombés au plus bas depuis bien longtemps en janvier : 4,13 % pour l’Italie et 4,90 % pour l’Espagne alors qu’ils avaient dépassés le cap des 6 % pour la première et 7 % pour la seconde l’été dernier. Cependant, depuis quelques jours, les marchés sont à nouveau nerveux et les taux se sont tendus significativement : 4,46 % pour Rome et 5,38 % pour Madrid.
Certes, cette poussée de fièvre est pour l’instant légère par rapport aux innombrables crises que nous avons vécues entre l’hiver 2010 et l’été 2012. Mais, comme le souligne Georges Ugeux, la situation est loin d’être stable. Tout d’abord, la troisième banque italienne, Monte Dei Paschi, est proche de la banqueroute. En effet, elle aurait perdu des sommes importantes sur des produits dérivés et elle doit solder le rachat à un prix trop élevé d’une autre banque italienne en 2007.
Georges Ugeux souligne avec malice que « la supervisions de cette opération et de la banque était exercée par le gouverneur de la Banque d’Italie, Mario Draghi »… Résultat, la banque a perdu 91 % de sa valeur en cinq ans et ne vaut plus que 3 milliards d’euros (20 % des fonds propres) et le gouvernement a été contraint de lui accorder un prêt d’urgence de 3,9 milliards pour éviter la faillite. Les Pays Bas ont nationalisé la banque SAS Reaal et l’Irlande liquide Anglo Irish Bank.
Des dirigeants politiques aveugles
Le cas de la banque Monte Dei Paschi est particulièrement inquiétant car il est tout de même surprenant que ce soit une acquisition de 2007 qui mette aujourd’hui la banque en difficulté, plus de cinq ans après ! Par quels mécanismes les pertes ne sont-elles pas apparues plus tôt ? Comment les régulateurs, la Banque d’Italie, dirigée par Mario Draghi, et la BCE, n’ont-ils pas identifiés plus tôt les failles qui existaient dans la troisième banque d’Italie, un établissement jugé systémique ?
Bref, contrairement aux promesses des uns et des autres, rien n’a été réglé suite à la crise financière au niveau de l’organisation monétaire, financière et bancaire. L’opacité reste la règle et les gros établissements continuent à mettre le couteau sous la gorge des banques centrales quand ils sont en difficulté pour éviter une faillite désordonnée. Bref, tous les jours démontrent davantage que la réforme du système financier est absolument nécessaire mais qu’elle n’a pas été vraiment entamée.
La dérisoire réforme du gouvernement Hollande n’y changera rien, même si les députés la durcissent un peu. Alors qu’il existe d’innombrables idées pour reprendre le contrôle du secteur financier, les « socialistes » continuent à défendre un projet extrêmement limité. Et ce n’est pas le projet d’union bancaire européenne qui améliorera vraiment la supervision étant donné le laxisme de la BCE, qui prête 1000 milliards aux banques sans leur demander de contre-partie.
Aujourd’hui, le secteur bancaire est totalement hors de contrôle de l’État, qui se retrouve contraint de régler l’addition quand cela va mal pour éviter un effondrement économique. Il serait grand temps que nos gouvernements s’attellent enfin à la tâche d’une vraie réforme pour y remettre de l’ordre.