Une cabine individuelle destinée à être utilisée pour le suicide assisté, pourrait être en service en Suisse dès 2022. Exit International, la société australienne qui a développé la machine baptisée « Sarco » vient de recevoir un avis favorable.
Une cabine individuelle imprimée en 3D, destinée à être utilisée dans le cadre du suicide assisté, a passé avec succès un examen juridique en Suisse, et devrait être prête à utilisation dans le pays l’année prochaine, a déclaré son créateur. Exit International, qui développe ces appareils, est une société australienne actuellement située aux Pays-Bas, mais qui souhaite s’implanter dans la Confédération helvétique.
L’euthanasie est en effet légale en Suisse. Quelque 1 300 personnes sont mortes par suicide assisté en Suisse en 2020, en recourant aux services des deux plus grandes organisations de suicide assisté du pays, Exit (sans lien avec Exit International) et Dignitas. La méthode actuellement utilisée est l’ingestion de pentobarbital de sodium liquide.
Selon ses créateurs, cette machine baptisée « Sarco » doit apporter une mort paisible, sans avoir recours à ces substances. L’engin diffuse ainsi un flux d’azote en continu au sein de la cabine qui donne à l’occupant une sensation de tournis. Au bout de quelques minutes, l’individu perd connaissance en raison du manque d’oxygène et à peine cinq minutes plus tard, la mort intervient sans souffrance.
Un processus détaillé ainsi par son créateur Philippe Nitschke un entretien à Swissinfo publié le 6 décembre : « La capsule repose sur une pièce d’équipement qui inondera l’intérieur d’azote, réduisant rapidement le niveau d’oxygène à 1 % contre 21 % initialement. La personne se sentira un peu désorientée et légèrement euphorique avant de perdre connaissance. Le tout prend environ 30 secondes. La mort survient, respectivement, par hypoxie et hypocapnie, privation d’oxygène et enfin, de dioxyde de carbone. Il n’y a pas de panique, pas de sensation d’étouffement. »
Un outil qui n’est pas sans rappeler des ouvrages ou des films de science-fiction. Son créateur vante également la portabilité de la machine : « La machine peut être amenée n’importe où pour l’euthanasie. Cela peut être dans un cadre extérieur idyllique ou dans les locaux d’une organisation de suicide assisté, par exemple. »
Exit International souhaiterait « démédicaliser » la procédure de suicide assisté
Concernant la procédure à suivre pour « bénéficier » de l’appareil, Philippe Nitschke explique que la personne désirant être euthanasiée se voit poser « un certain nombre de questions et lorsqu’elle a répondu, elle peut appuyer sur le bouton situé à l’intérieur de la capsule pour activer le mécanisme à son rythme ». Actuellement, deux prototypes existent et un troisième « est en cours d’impression aux Pays-Bas » en vue d’une utilisation « en Suisse en 2022 ».
L’objectif serait-il alors de démédicaliser le processus de suicide assisté ? Selon Philippe Nitschke, « actuellement, un ou plusieurs médecins doivent intervenir pour prescrire le pentobarbital de sodium et confirmer la capacité mentale de la personne », or sa société souhaite justement « supprimer toute forme d’examen psychiatrique du processus et permettre à la personne de contrôler elle-même la méthode ». Cela serait compensé par « un système de dépistage par intelligence artificielle pour établir la capacité mentale de la personne », ce qui ne manque pas de laisser sceptique le milieu médical, comme il le reconnaît volontiers.
Dans un clip promotionnel l’année dernière, Philippe Nitschke avait déclaré qu’il prévoyait de rendre cette technologie gratuite. Le programme d’impression de la capsule serait mis à disposition en ligne et « cela nous permettrait de diffuser l’idée dans le monde entier », avait-t-il expliqué.
À réécouter : Alain Soral sur l’euthanasie en 2008