Thèse intéressante de Meyssan sur la tentative de rompre le lien des classes moyennes sunnites syriennes avec le régime en affaiblissant l’économie, et notamment en limitant ce qui est une des rentes de l’Etat syrien : la vente de son pétrole (dont les rentrées baissent tout de même à cause de l’épuisement des gisements).
La vente du pétrole a permis pendant longtemps à l’Etat syrien de subventionner les prix des denrées alimentaires de base et du fuel - mesure "socialiste" en faveur des plus pauvres. La libéralisation décidée par Bachar al-Assad (et inspirée du modèle chinois) a réduit ses subventions, en misant sur la croissance et l’augmentation des volumes d’échange avec la Turquie, mais aussi l’Iran et la Jordanie. Cependant, dès le début des troubles, ces subventions aux prix ont été réinstaurées, ainsi que des hausses des salaires des fonctionnaires, et ce pour ne pas alimenter la contestation. Et donc depuis, l’utilisation de la (faible) rente pétrolière est redevenue un élément important du rapport entre le régime et les classes populaires (prix subventionnés) mais aussi du rapport avec les classes moyennes liées à la fonction publique. D’autant que l’exploitation de nouveaux gisements gaziers est encore incapable de suppléer à la vente du pétrole syrien qui se tarit.
Par ailleurs la Syrie a vu l’augmentation de ses rentrées de devises grâce à la croissance du tourisme. Les classes moyennes urbaines syriennes ont profité de ce développement du tertiaire privé (dans un pays où la moitié de la population est encore rurale). On peut être sûr que cet été le tourisme ne fera pas recette. D’ailleurs, d’après ce que je sais, les familles syriennes déconseillent également aux émigrés syrien de revenir au pays cet été et de nombreux hôtels à Damas et Alep, pleins à cette période de l’année, sont aujourd’hui vides.
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