Depuis plus d’un an déjà, l’ambassadeur des Etats-Unis s’installe, comme chez lui, en Seine-Saint-Denis. De nombreux médias s’en font l’écho ; Le Monde du 6 juin 2010 en trace l’itinéraire :
« L’inauguration d’une fresque murale géante à Villiers-le- Bel, un déplacement à La Courneuve pour rencontrer des jeunes, une rencontre à Bondy avec une star hollywoodienne, l’arrivée en hélicoptère et tapis rouge de l’acteur Sylvester Stallone à Rosny-sous-Bois, l’ambassadeur US en France, Charles Rivkin, multiplie depuis un an les actions en direction des banlieues sensibles. (…)
Mais ces opérations symboliques et médiatiques masquent l’ampleur du travail de réseau effectué en France ces dernières années pour identifier les élites des quartiers et des minorités ethniques. »
Et d’ajouter :
« L’ambassade américaine s’est en effet constitué un carnet d’adresses exceptionnel - aujourd’hui le plus complet, le plus pertinent, le plus actualisé sur les banlieues françaises. Au point que ni les partis politiques ou les associations, ni le monde intellectuel ou médiatique - toujours très frileux sur les questions de diversité - ne rivalisent avec le réseau de l’ambassade américaine ».
Mais pourquoi cette stratégie ?
Le Monde l’explique : « Depuis le 11 septembre 2001, les Américains ont en partie réorienté leur stratégie d’influence vers les leaders musulmans des pays occidentaux. « Notre volonté est d’identifier les futurs leaders français, ceux qui pourront émerger, ceux qui seront amenés à prendre des responsabilités”, explique Lora Berg, attachée culturelle de l’ambassade ».
Et le quotidien du soir poursuit, sans y trouver à redire : « Les plus prometteurs se voient proposer des séjours de deux à trois semaines aux Etats-Unis pour approfondir leurs réflexions sur leurs sujets d’intérêt. Un programme de “visiteurs internationaux” que l’ambassade destinait autrefois aux filières traditionnelles les plus élitistes. Des figures comme Nicolas Sarkozy ou François Fillon ont ainsi bénéficié de ces dispositifs lorsqu’ils étaient trentenaires ».
L’exemple est éloquent. Il fait songer au film de Roman Polanski, « The ghost writer ». On y suit l’activité des autorités US, de la CIA en particulier, visant à « identifier » dans les universités de Grande-Bretagne, un futur Premier Ministre( Blair, en l’occurrence) tout dévoué aux intérêts de Washington, et d’en assurer la promotion aux plus hautes instances.
Est-ce une même opération qui se développe dans le 9-3 ?
Ainsi, le représentant US en France se permet, sans réaction officielle, d’interférer dans les affaires de notre pays. Monsieur l’Ambassadeur semble considérer la Seine-Saint-Denis comme les faubourgs de Manhattan ou le prolongement du Bronx. Il s’y conduit comme en terre américaine, avec la bénédiction de l’hôte de l’Elysée. Chose stupéfiante, monsieur Ruskin y favorise le communautarisme, rejeté par notre Constitution faisant de notre pays, une « République Une et indivisible ».
Est-ce compatible avec la souveraineté française et l’indépendance nationale ?
Les rêves « transatlantiques » d’une « Europe élargie » se développent des rives de la Spree à celles de la Seine. Monsieur l’Ambassadeur des Etats-Unis s’en fait ainsi, sur le terrain, l’ardent promoteur ?
Enfin, une question se pose :
quels cris pousseraient nos médias si, d’aventure, l’Ambassadeur d’Iran en personne prospectait le 93 pour y détecter, parmi la population musulmane, « de futurs talents » susceptibles, après un stage à l’Université de Qom, de devenir chez nous des mollahs talentueux ou de célèbres imans ?