Dans un article publié sur Project Syndicate et intitulé « La fin du Nouvel Ordre mondial », le haut diplomate états-unien Christopher R. Hill (photo) explique que par son attitude dans la crise ukrainienne, la Russie a trahi l’« ordre » international dont elle faisait partie depuis la chute du bloc soviétique.
« L’annexion par la Russie de la Crimée […] semble signifier la fin d’une période de 25 ans dont la marque fut un effort pour amener la Russie à un alignement accru sur les objectifs et traditions euro-atlantiques [ …]. L’adhésion de la Russie au Nouvel Ordre mondial, bien que problématique, a été l’une des grandes réalisations de l’après-Guerre froide. [ …] Les Américains doivent comprendre que le défi auquel ils sont confrontés est celui d’une Russie qui n’est plus intéressée par ce que l’Occident lui a offert ces 25 dernières années. […] Les changements [de gouvernement et de politique] doivent être accomplis par le peuple russe », explique M. Hill.
La Russie est ensuite fustigée pour sa « régression, sa récidive et son esprit de revanche » alors que son « adhésion aux institutions occidentales, à l’économie de marché et à une démocratie parlementaire multipartite » semblait être consacrée. Dés lors le diplomate s’aventure dans des parallèles historiques hasardeux, comparant la situation ukrainienne à celle de la Pologne en septembre 1939…
La situation ukrainienne semble donc considérée par Washington comme un véritable casus belli. En effet les diplomates ne sont pas coutumiers de propos virulents et l’information est donc à prendre très au sérieux, d’autant plus que Christopher R. Hill est un pilier de la diplomatie américaine. Ce membre du très influent Albright Stonebridge Group a rejoint le département d’État en 1977. Après avoir été ambassadeur en Macédoine (1996-1999) puis envoyé spécial au Kosovo (1998-1999), il a été ambassadeur en Pologne (2000-2004) puis en Corée (2004-2005). Il a surtout été l’adjoint de Richard Holbrooke lors des pourparlers précédant les accords de Dayton de 1995, qui entraîneront la partition de la Bosnie-Herzégovine. Il a également pris la tête de la délégation américaine dans la « résolution » de la crise du nucléaire nord-coréen (2005). Barack Obama l’a nommé en mars 2009 au poste stratégique d’ambassadeur des États-Unis en Irak.