Le lanceur d’alerte Edward Snowden a affirmé que l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA) disposait d’un logiciel antivirus capable de contre-attaquer automatiquement, sans aucune intervention humaine, contre des pirates informatiques, même si ces représailles ne sont pas toujours adéquates.
Selon l’ancien consultant de la NSA, aujourd’hui réfugié en Russie, cet antivirus nommé MonsterMind est une arme redoutable : il permet, en cas d’attaque par des pirates informatiques contre des intérêts américains, de mener automatiquement des représailles contre l’ordinateur hébergeant l’adresse à l’origine de l’attaque, a-t-il expliqué dans une longue interview au magazine Wired parue mercredi. Ce sont les premières révélations publiques concernant cet antivirus.
Mais selon Edward Snowden, ce type de réponse automatique pose problème car des pirates informatiques habiles font transiter leurs attaques par le biais d’adresses internet de façade. Or MonsterMind s’attaquera en représailles à cette adresse tierce, au lieu de remonter vers les vrais coupables.
"Vous pouvez avoir quelqu’un en Chine, par exemple, qui lance une attaque en la faisant transiter par une adresse en Russie. Et alors nous nous retrouvons à contre-attaquer et à nous en prendre à un hôpital en Russie" qui n’est pour rien dans l’attaque originale, a regretté Edward Snowden.
Au cours de cette interview, qui s’est étalée sur plusieurs jours à Moscou, durant lesquels le lanceur d’alertes s’est montré gai et détendu, Edward Snowden a également expliqué quel avait été le déclic qui l’avait poussé à faire fuiter des centaines de milliers de documents concernant la sécurité américaine.
Selon lui, après des mois durant lesquels il était de plus en plus mal à l’aise au vu des activités de la NSA, des déclarations malhonnêtes devant le Congrès de James Clapper, directeur du renseignement national, l’ont poussé à agir.
Au cours de cet entretien devant des élus en mars 2013, M. Clapper avait affirmé que la NSA ne collectait pas "sciemment" d’informations sur les Américains.
"Je crois que je lisais ça dans le journal le lendemain, on en parlait avec les collègues et je leur disais : Tu peux croire ça ", raconte Edward Snowden.
Celui-ci relate que ses collègues ne semblaient pas choqués, mais que lui craignait de s’enfoncer dans un système de plus en plus "diabolique", ce qui l’avait poussé à agir.
Enfin, Edward Snowden pense que dans les milliers de documents qu’il a fait fuiter, et qui n’ont pas encore tous été exploités, dorment encore certainement des documents qui pourraient compromettre encore davantage les services du renseignement américain.