J’avais évoqué une telle possibilité fin 2009 mais jamais un tel scénario n’a été aussi proche. En effet, les revirements du PASOK ont bloqué la voie à un gouvernement pro austérité autour de Nouvelle Démocratie (ND), ouvrant la possibilité à une coalition opposée au plan européen.
Revirement politique
Contrairement à ce que j’avais écrit hier, et comme l’a souligné le blog Mes Elucubrations, le problème est venu du fait que le PASOK a refusé de faire équipe avec Nouvelle Démocratie sans le parti de la gauche radicale, SYRIZA, arrivé en seconde position lors du scrutin de dimanche. Du coup, ND ayant échoué à réaliser une coalition, c’est le SYRIZA qui a maintenant quelques jours pour trouver une majorité selon les termes de la Constitution Grecque.
L’équation actuelle est compliquée car, pour constituer une majorité opposée aux plans européens, le SYRIZA doit réunir le PASOK, le KKE (le parti communiste, qui a déclaré ne pas vouloir rejoindre une coalition) et l’ANEL, qui regroupe les membres de Nouvelle Démocratie opposés aux plans. Cet attelage allant de l’extrême gauche à la droite semble improbable mais l’ANEL s’est ailée avec des anciens membres du PASOK opposés aux plans d’austérité.
L’autre alternative serait une coalition favorable aux plans incluant le PASOK et ND, qui auraient besoin du soutien soit de l’ANEL (a priori impossible) ou du DIMAR, des anciens éléments du SYRIZA, plus modérés, ce qui semble théoriquement possible. Bref, fort heureusement, les néo nazis sont en dehors du jeu et c’est finalement le PASOK qui devrait être le parti fera basculer la donne, soit en faveur de l’austérité, soit en rejoignant le camp de ceux qui s’y opposent.
Athènes sur la voie de Buenos Aires
En cas d’absence d’accord, une nouvelle élection pourrait être organisée. Mais du coup, la situation est extrêmement instable puisque toutes les cartes sont sur la table, que la Grèce pourrait aussi bien continuer sur la lancée du gouvernement Papademos, ou bien renverser la table et l’accord illusoire de début d’année ou rester dans un entre deux nécessitant l’organisation de nouvelles élections. Assez logiquement, les marchés financiers ont nettement baissé hier.
Mais que la décision soit prise dans quelques jours, dans quelques mois voire même quelques années, l’issue est de plus en plus certaine : la Grèce ne pourra pas rester dans la zone euro car la potion amère imposée pour y rester est tout simplement inhumaine, comme même Patrick Artus l’a reconnu dans une longue note. François Lenglet évoque ouvertement ce scénario et Jacques Sapir annonce la fin de l’euro pour le mandat qui va commencer.
Il est malheureusement dommage de tarder autant pour une telle décision que nous étions assez nombreux à évoquer il y a deux ans et que Nicolas Dupont-Aignan a été le seul député à défendre dès le mois de mai 2010 à l’Assemblée Nationale. Que de temps perdu ! Que de souffrances qui auraient pu être évitées ! Quel aveuglement alors que l’exemple de l’Argentine nous montre que la seule solution possible pour la Grèce est une dévaluation et un défaut.
Nos dirigeants ignorent la souffrance des Grecs et préfèrent échafauder une digue aussi chère qu’illusoire pour protéger l’euro. Cette monnaie unique n’est pas un moyen au service des peuples européens mais une fin au nom de laquelle on les fait souffrir. Elle sera démontée et le plus tôt sera le mieux.