Impliquée dans plusieurs différends territoriaux dans son environnement proche, la Chine a une nouvelle annoncé une hausse à deux chiffres de ses dépenses militaires pour l’année 2014. Ainsi, le ministre chinois des Finances a annoncé, le 4 mars, une augmentation de 12,2% du budget de l’Armée populaire de libération (APL), ce qui portera ce dernier à 808,23 milliards de yuans, soit 96 milliards d’euros.
Le gouvernement chinois a précisé qu’un effort particulier serait fait en faveur de la modernisation des forces navales et aériennes ainsi que de la mise au point d’armes de "haute technologie".
Parmi ces dernières, l’on compte deux avions dits de 5e génération, les J-20 et J-31, un drone de combat furtif, le Lijian et un programme de planneur expérimental appelé "WU-14". En outre, Pékin développe également des armes anti-satellites ainsi qu’un missile de croisière supersonique, le DF-21D, un missile balistique anti-navire, surnommé le "tueur de porte-avions".
Plus généralement, l’APL cherche à accroître à la fois ses capacités "anti-accès" et de projection, avec notamment la mise sur pied d’un groupe aéronaval constitué autour du porte-avions Liaoning, (ex-Varyag, acquis auprès de l’Ukraine en 2000). Un second bâtiment de ce type serait en construction.
"En se fondant sur notre histoire et notre expérience, nous croyons que la paix peut seulement être préservée en étant soi-même forts", a commenté Fu Ying, un porte-parole de l’ANP. En outre, l’armée chinoise participe également à des opérations de maintien de la paix des Nations unies, comme au Mali par exemple.
Cela étant, l’effort militaire chinois serait bien plus élevé par rapport aux chiffres officiels. En 2012, le Pentagone l’avait estimé entre 98 et 156 milliards d’euros, en expliquant que la Chine poursuivait un "programme de modernisation militaire globale, de long terme"afin de disposer d’un avantage dans des conflits locaux ou lors d’"opérations de haute intensité de courte durée". Cette estimation avait été confirmée par le groupe IHS Janes, et, plus récemment, le mois dernier, par la DIA (Defense Intelligence Agency), qui l’a revue nettement à la hausse, en évaluant le budget militaire chinois réel à 240 milliards de dollars.
En novembre dernier, l’US-China Economic and Security Review Commission, mise en place par le Congrès américain en 2000, avait fait valoir que la modernisation rapide de l’armée chinoise était "en train de modifier l’équilibre de la sécurité dans la région Asie-Pacifique" et annonçait des "des décennies difficiles" pour la prééminence militaire des États-Unis dans la région.
"Il devient clair que la Chine n’a pas l’intention de régler ses différends maritimes par des négociations multilatérales ou l’application des lois internationales et des processus décisionnels et qu’elle préfère s’appuyer sur des tactiques coercitives pour faire pression sur ses voisins", avait déclaré, à l’époque, William Reinsch, le président de cette commission.
"“En 2020, les forces navales et aériennes chinoises seront plus nombreuses et disposeront de capacités presque identiques à celles déployées par les États-Unis dans la région Asie-Pacifique. Une présence militaire réduite sera insuffisante pour dissuader la Chine et rassurer nos alliés dans la région", avait estimé Larry Wortzel, l’un des membres de cette dernière.
Et c’est bien en termes de capacités militaires qu’il faut raisonner, car la comparaison des dépenses militaires entre deux États n’est pas toujours le plus pertinent. D’une part parce que les taux de change varient, et d’autre part, les coûts de développement, de production et d’acquisition d’équipements modernes ou encore les soldes des militaires peuvent être moindres ou plus élevées d’un pays à l’autre.
Quoi qu’il en soit, la hausse continue des dépenses militaires chinoises et surtout l’accroissement des capacités de l’APL inquiètent les pays voisins, lesquels peuvent être d’autant plus préoccupés, que les forces chinoises, en particulier navales, multiplient les exercices en mer de Chine et dans l’océan Indien, sur fond de disputes territoriales, comme celle oppsant Tokyo à Pékin au sujet de l’archipel Senkaku/Diaoyu.
"La transparence, ou plutôt l’absence de transparence, de la politique de défense et des capacités militaires de la Chine est devenue un motif de préoccupation pour la communauté internationale, dont le Japon", a ainsi commenté Yoshihide Suga, le secrétaire général du gouvernement japonais.
En décembre, et en réponse à l’accroissement des capacités militaires chinoises, Tokyo a décidé d’augmenter ses dépenses en faveur de ses forces d’auto-défense de 5% sur les 5 ans à venir, soit un budget total de 24 700 milliards de yens (176 milliards d’euros) pour la période 2014-2019