Un réseau du XIIIe arrondissement de Paris offrait d’étonnantes facilités à des Chinois en situation irrégulière pour ouvrir un compte et obtenir cartes et chéquiers.

Au gré du temps, des crises et des affaires, le Lyonnais a lentement vu évoluer ses slogans. D’un prometteur "pouvoir de dire oui" au début des années 90, à un culotté repenti "Votre banque vous doit des comptes" après le scandale, pour échouer sur un prometteur "demandez plus à votre argent"…Quitte à ce que le Crédit Lyonnais (LCL) soit un peu moins regardant ? Non, non, seulement des brebis égarées du respectable établissement financier.

Au détour d’une enquête pour escroquerie dans le 13e arrondissement parisien, les flics ont eu la surprise de découvrir des soldats égarés du grand capital. Fort prompts à couvrir faux papiers, situation irrégulière ou petit blanchiments, pourvu que des comptes soient ouvert. Les banquiers sont aussi des humanistes….

Ainsi, entre 2004 et 2005, 189 comptes ont été le plus officiellement du monde ouvert dans l’agence Masséna du Crédit Lyonnais, au nom de 183 ressortissants en situation irrégulière, ont pointé les poulets qui ont picoré la piste. "Bonne nouvelle !, vantait même une pub dans un journal communautaire chinois du quartier, Ouvrir un compte bancaire dans une banque nationale. Seulement besoin d’un passeport, vous obtenez carte de crédit et chéquier. Pas besoin de rendez-vous, vous arrivez, votre dossier est traité. Garanti sur l’honneur".

GAGNANT-GAGNANT

Un billet de 200 euros pour l’animatrice du réseau, une certaine Mme Liu, 50 euros de plus pour une domiciliation au siège de son association CECF et le tour était presque joué. Tout juste fallait-il en passer par un petit point avec la dame au Mc Do de l’avenue de Choisy pour remplir un semblant de dossier sous un faux nom. Un burger, un compte… et pour les plus gourmands une fausse identité. En bonne commerciale, la bonne dame se faisait aussi fort d’obtenir aux moins dégourdis un visa (3000 euros) ou un titre de séjour (6500 euros).

Quant aux banquiers, leur humanisme, via une petite truanderie, leur a permis de faire du chiffre. Tout simplement ouvrir des comptes de résidents, quand, sur présentation d’un passeport, un compte de non résident devait être ouvert. "Le fait de vendre des produits d’assurance à des personnes qui n’y avaient pas droit permettait à l’agence de réaliser plus vite ses objectifs (…) La vente de produits d’assurance donnait lieu à des versements de commission aux commerciaux et était un indice de performance annuelle pris en compte pour l’octroi de la partie variable du revenu des dirigeants du Lyonnais", décryptent les enquêteurs. Qu’en termes choisis ces choses là sont dites… Une bonne partie de la chaîne de responsabilité du Crédit Lyonnais avait intérêt sinon à la combine du moins à être peu scrupuleux sur la vérification des identités.

Las, l’accord gagnant-gagnant s’est éteint avec le jugement prononcé le 19 septembre dernier. Aux Chinois du réseau des condamnation pour faux, usage aide au séjour irrégulier (mais en évitant la case blanchiments). Au responsable d’agence, des peines d’emprisonnement avec sursis pour faux et abus de confiance.

Plus demandeur de grisbi que de mauvaise publicité en ces durs temps financiers, le Lyonnais n’a pas été débouté de sa constitution de partie civile… Mais n’a récolté qu’un euro de dommage et intérêts. A croire que les juges aussi se méfient de la bonne foi des banquiers.