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L’intervention en Centrafrique : la France a trop attendu

par Bernard Lugan

Depuis le mois de décembre 2012, la Centrafrique (RCA), l’ancien Oubangui-Chari colonial, est un foyer de déstabilisation qui menace toute l’Afrique centrale et la région sahélo-tchadienne au moment où la contagion sahélienne a touché la zone tchado-nigériane et la Libye saharienne.

Alors que la France va intervenir en RCA, ce qu’elle aurait du faire depuis le mois de décembre 2012, je ne vais pas redire ici ce que j’ai déjà expliqué à travers mes analyses et communiqués des 26 décembre 2012, 1er janvier, 24 mars, et 7 septembre 2013 ainsi que dans le numéro de février 2013 de l’Afrique réelle et dans celui du mois de novembre 2013 à travers l’article intitulé « RCA : les coupeurs de route au pouvoir ».

Néanmoins, pour résumer la situation, il importe de ne pas perdre de vue que :

1) Ceux qui font régner la terreur à Bangui sont les héritiers des bandes islamistes mahdistes et de celles de Snoussou qui razziaient les peuples de la forêt et du fleuve avant la colonisation.

2) Comme quasiment partout en Afrique, le problème est d’abord ethnique et il est à l’origine de l’instabilité récurrente que connaît cet artificiel pays, quadrilatère de 623 000 km2, non-Etat présentant de grandes différences géographiques, donc humaines, entre des régions sahéliennes, des espaces soudanais, des savanes centrales, une forêt méridionale et des régions bordières du fleuve.

3) L’histoire de RCA depuis l’indépendance est rythmée par l’alternance de cycles ethno-politiques conflictuels qui donnèrent tour à tour le pouvoir à des populations originaires des grandes régions du pays comme je l’ai longuement expliqué dans le numéro de l’Afrique réelle du mois de février 2013.

Le 15 mars 2003 le général François Bozizé, un Gbaya, ethnie originaire de l’ouest du pays, accéda aux affaires au moment où tout le nord de la RCA était touché par la contagion du conflit soudano-tchadien. A plusieurs reprises, les rebelles tchadiens opposés au président Idriss Déby Itno et soutenus par le Soudan tentèrent ainsi de contourner les défenses tchadiennes par le nord de la RCA et ce fut à partir de ce moment que la région de Birao et des « trois frontières » (Soudan-Tchad-RCA) échappa définitivement aux autorités de Bangui pour devenir une « zone grise ».

A la fin du mois de décembre 2012, venus de cette région, quelques centaines de combattants appartenant à de petites tribus nordistes et islamisées, dont les Gula et les Runga, appuyés par des Soudanais et des Tchadiens, avancèrent vers Bangui, la capitale, groupés dans un hétéroclite mouvement créé pour la circonstance et qui prit le nom de Séléka (coalition en langue sango).

Ce qui, au départ, n’était qu’une razzia lancée par deux ou trois centaines de coupeurs de route se transforma alors en une entreprise de conquête du pouvoir. Au noyau initial vinrent ensuite s’agréger plusieurs mouvements ethno-politiques microscopiques dirigés par de vieux chevaux de retour de toutes les aventures centrafricaines.

Le pillage de Bangui débuta alors, suivi par le massacre des Gbaya et des chrétiens. L’anarchie gagna ensuite l’ensemble du pays, les bandes du Séléka se livrant à un pillage en règle des populations cependant que Michel Am Nondroko Djotodia président autoproclamé le 24 mars 2013 était totalement dépassé par les évènements.

En RCA où, une fois encore, la longue histoire explique les évènements contemporains, l’intervention militaire trop tardive ne réglera pas le problème de fond. En effet, le Séléka va se débander devant les troupes françaises mais :

1) La question de la pacification de la région des trois frontières ne sera pas réglée car le Soudan constituera la base arrière de tout futur mouvement.

2) La seule solution qui sera proposée par la France sera une nouvelle fois un processus électoral, donc une ethno-mathématique, qui redonnera le pouvoir aux plus nombreux, donc aux peuples de la savane. Les « gens du fleuve » au sud et les nordistes seront automatiquement perdants car minoritaires, ce qui sera la cause de futurs conflits...

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9 Commentaires

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  • #601907
    Le 24 novembre 2013 à 15:31 par petite érynie
    L’intervention en Centrafrique : la France a trop attendu

    Cela fait plus de 50 ans qu’on s’est débarrassé du boulet des colonies africaines, et rien ne marche dans cette pétaudière, à part la recolonisation israélienne . Et Israel ne fera jamais rien pour ses esclaves .

     

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    • #602109
      Le Novembre 2013 à 18:54 par diarra
      L’intervention en Centrafrique : la France a trop attendu

      ca fait 50 ans que vous vous etes retiré de cette region, vraiment ???
      tu delire ou tu plaisante ????

       
    • #602681
      Le Novembre 2013 à 10:23 par agent STASS
      L’intervention en Centrafrique : la France a trop attendu

      Engagé dans les troupes de marines, j’étais, de octobre 1982 à octobre 1984, en Cote d’Ivoire.
      Je participais au dispositif suivant ;
      L’ambassade de France à Cocody jouxtait la Présidence de la république de , à l’époque, Félix Houphouët-Boigny
      entre lesquelles il y avait un accès permanent et un accès à la lagune par un ponton auquel était arrimer un Yacht très puissant.
      24 h sur 24, 365 j/365, en plus des gardes habituels, notre peloton fournissait un pilote "vedette" (apte à piloter très rapidement , de jour comme de nuit tous feux éteins). et au bout de la piste de l’aéroport d’Abidjan un groupe de combat avec trous de combat gardait une DZ (zone de posée d’hélico) . Donc au moindre soulèvement ethnique, nous pouvions garantir l’évacuation (exfiltration) en toute sécurité du Président
      Les gardes de l’ambassade allaient le chercher, le mettaient dans le bateau qui filait, à toute allure par la lagune jusqu’à la DZ ou un hélico l’attendait pour l’évacuer vers l’aéroport autour duquel avait, le cas échéant, pris position des blindés venus du 43 iéme BIMA de Port Bouet , cette pratique perdurait encore en 1985 , après je sais pas. Vous avez dit indépendance depuis 50 ans ?

       
  • #602177
    Le 24 novembre 2013 à 20:00 par Taii
    L’intervention en Centrafrique : la France a trop attendu

    Monsieur B. Lugan.
    Je vous respecte.
    J’aime Bien Bernard Lugan.
    Mais quand l’Empire (que ce soit les USA Skull & Boniste ou la France Maçonnique) est pro-Bozizé en RCA, on sait que c’est un méchant, et de toute façon toute cette clique de dirigeants africains sont des Franc-maçons qui vendent leur pays à l’Empire, les islamistes sont des américains (US friendly) mais laissons les Africains diriger leur pays.
    M. Lugan a pourtant toujours dénoncé l’EMprise maçonnique sur l’Occident, non ?
    Ne soyons pas FM sur l’Afrique.

     

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  • #602230
    Le 24 novembre 2013 à 20:43 par Bouloux
    L’intervention en Centrafrique : la France a trop attendu

    C’est fou que les gens s’imaginent que l’Afrique à était decoloniser un jour si cela arrivé vous serrez les premiers à ressentir les effets.

     

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  • #602493
    Le 25 novembre 2013 à 00:09 par goy pride
    L’intervention en Centrafrique : la France a trop attendu

    Et dans 2 ou 3 ans après l’intervention française qui aura bien entendu réglé aucun problème car tel n’est pas le but occulte de telles opérations notre Bernard nous ressortira un énième docte article sur la nécessité pour la France d’intervenir une énième fois...cela fait 50 ans que cette comédie dure...et pendant ce temps là en terre française tout s’effondre, la morale, l’éducation, l’économie, le service public...

     

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    • #602744
      Le Novembre 2013 à 11:48 par mundele
      L’intervention en Centrafrique : la France a trop attendu

      La géopolitique est vraiment quelque chose de sale… Comment un pays peuplé de plus de 80% de chrétiens et d’animistes et qui vivait en bonne harmonie avec sa population musulmane souvent étrangère peut-il être à la merci de bandes islamo-racailles brûleurs d’églises et autres symboles chrétiens ? Des populations entières accompagnées de leurs pasteurs et de prêtres, cibles privilégiées de ces bandits ont été obligée de se réfugier en brousse ou au Cameroun voisin. Même des pygmées ont été braqués ! Après plus de 6 mois d’inaction et d’indifférence la fameuse et fumeuse « communauté internationale » se décide enfin à agir. Hollande après son action au Mali ne voulait certainement pas froisser encore une fois ses amis investisseurs qataris… La population centrafricaine ne se reconnait en rien dans cette rébellion du Seleka tchado-soudanaise dont les membres ne parlent pas sango mais l’arabe (cherchez l’erreur !)

       
  • #602967
    Le 25 novembre 2013 à 15:32 par lonzo
    L’intervention en Centrafrique : la France a trop attendu

    La France n’est plus une super puissance mes amis. Elle est une petite puissance .
    Elle a déjà du mal a faire respecter l’ordre en France.
    Elle lutte au Mali face a quelque centaines de djihadistes.

     

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  • #603998
    Le 26 novembre 2013 à 11:20 par baay seex anta
    L’intervention en Centrafrique : la France a trop attendu

    « Il y a quelques jours, des militaires sud-africains après être revenus au pays, avaient affirmé être traumatisés d’avoir tué des enfants soldats. Certes, il y a bien des mineurs dans les rangs de la Seleka, mais la question que l’on peut se poser, c’est pourquoi des soldats sous le choc, après les combats violents du 23 mars, ont poursuivi les combats dès le lendemain matin. D’après de multiples sources, les soldats sud-africains venus officiellement épauler et former les militaires centrafricains ont été chèrement payés par François Bozizé quand le président aujourd’hui déchu est venu leur rendre visite au front le samedi.

    Si les circonstances de la mort des soldats sud-africains restent encore non élucidées, les raisons de la présence militaire sud-africaine agitent l’opinion publique. Officiellement, les quelques 200 hommes envoyés en décembre étaient chargés de sécuriser la capitale, en vertu d’un accord entre les deux pays portant sur la formation et le conseil à l’armée centrafricaine. Mais pour beaucoup, Pretoria avait également dans le viseur l’uranium, l’or et les promesses pétrolières de la Centrafrique. Une version étayée jeudi par un article du très sérieux quotidien Mail & Guardian : « La présence militaire sud-africaine en République centrafricaine a depuis le début été mêlée à des contrats impliquant directement l’ANC », écrit le journal.
    « Nous avons été envoyés pour protéger [le président déchu François] Bozizé et sécuriser des intérêts économiques, déclare de son côté un des soldats cités plus haut. Nous sommes très en colère. On ment aux gens. »
    À l’heure actuelle, on ne sait pas avec exactitude combien de soldats sud-africains se trouvent encore sur le sol centrafricain. Confrontées à d’importants problèmes de logistique et particulièrement limités en avion de transport de troupes, les SANDF ont mis en place une base de transit à Entebbe, la capitale de l’Ouganda. « Nous avons donné à l’Afrique du Sud une base », a confirmé, jeudi, le porte-parole de l’armée ougandaise, Paddy Ankunda. »
    Article publié en Mars 2013 sur Jeune Afrique...

    En éludant ces faits, au centre du conflit Centrafricain, vous prouvez votre malhonnêteté. Pour moi vous êtes tombés définitivement dans le charlatanisme intellectuel. A signaler aussi que l’intervention militaire de la France sera du même ordre que celle des soldats sud-africains. Officiellement pour le maintien de la paix et officieusement pour protéger les nombreux intérêts français en RCA.


     

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