David Stockman a travaillé comme directeur de l’Office of Management and Budget sous la présidence de Ronald Reagan. Peu de gens comprennent l’économie mondiale mieux que lui.
Sur le blog financier Peak prospérité, Stockman affirme que l’économie mondiale se trouve désormais dans une phase de « crack-up » (« disjoncter ») et ce, pour ces quatre raisons :
- 1. Le nombre croissant d’actions désespérées de répression financière des banques centrales
Chaque semaine, une nouvelle banque centrale du monde abaisse ses taux d’intérêt jusqu’à les rendre négatifs pour tenter de faire repartir l’économie. Plusieurs pays ont maintenant des taux d’intérêt négatifs. Selon Stockman, cela ne pourra pas durer : les banques centrales ont perdu le contrôle et elles se sont engagées dans une course vers la chute, élaborant des théories de plus en plus contradictoires au fur et à mesure.
- 2. La volatilité et le désordre croissants sur les marchés financiers
Au cours des 3 derniers mois, les marchés boursiers se sont comportés comme des marins ivres. Mais derrière, ce ne sont qu’un paquet de robots et de traders qui font tout de ce qu’ils peuvent pour interpréter correctement les graphiques et les données. Le marché boursier est totalement déconnecté de l’économie réelle. Les taux d’intérêts sur les obligations souveraines sont devenus irrationnels, dit Stockman. Ils ne tiennent que par la seule promesse de Draghi que la BCE en achèterait massivement. Mais tous les pays européens sont pris dans le piège de la dette, les risques sont énormes. Ajoutez à cela la possibilité que l’euro ne survive pas. Bientôt, les banques centrales pourraient faillir, et le marché subira alors une sévère correction pour refléter les risques réels induits par toutes ces dettes, et les perspectives peu réjouissantes de l’économie mondiale.
- 3. La déflation mondiale et les cours mondiaux des matières premières
Les investissements sont maintenant suspendus, ce qui est susceptible de provoquer une énorme déflation sur les matières premières et les prix des produits industriels. Le minerai de fer ne vaut plus que 60 dollars, alors qu’il avait atteint un cours de 200 dollars à son apogée. Le Baltic Dry Index, qui décrit la vitalité du transport maritime, se trouve à son point le plus bas depuis le krach de Lehman Brothers, d’abord en raison d’une chute de la demande, mais aussi en raison d’une surcapacité provenant d’une construction excessive de vraquiers pendant la période où les banques centrales ont inondé le monde avec de l’argent bon marché. Jamais dans l’histoire, il n’y a eu un tel surplus d’investissements, et une telle surcapacité dans l’exploitation minière du minerai de fer, les vraquiers, les aciéries, les usines d’aluminium, et ainsi de suite...
- 4. Une demande anémique en raison des montants de dettes
Selon McKinsey, la dette du monde s’élève désormais à 200 000 milliards de dollars, comparativement à 140 000 millions de dollars au début de la crise. Depuis 2008, la dette totale mondiale a augmenté de 60 000 milliards de dollars. Mais au cours de la même période, le PIB mondial ne s’est développé que de 15 000 milliards de dollars, et il ne s’élève qu’à 70 000 milliards. Autrement dit, près de 60 000 milliards de dollars de dettes ont été générés grâce à l’impression de monnaie des banques centrales, alors qu’à peine 15 000 milliards de dollars de PIB supplémentaires ont été créés. Autant de dette nouvellement créée, pour un rendement aussi faible…
Enfin Stockman cite l’exemple de la Chine, qu’il qualifie de « stupéfiant ». En 2000, la dette du pays se montait à 2 000 milliards de dollars. Aujourd’hui, elle atteint 28 000 milliards de dollars. En 14 ans, la dette de la Chine a été multipliée par… 14. Nulle part dans l’histoire, on ne trouve un exemple aussi frappant, et il est peu probable qu’une économie largement guidée par un système étatique rigide ait pu générer 26 000 milliards de dollars de dette supplémentaire sans que cela s’accompagne d’inefficacités massives et d’erreurs multiples dans le système.
Au moment de la crise de 2008, la Chine se targuait d’un PIB de 5 000 milliards de dollars. Depuis cette époque, il a doublé, alors que la dette est passée de 7 000 milliards de dollars à 28 000 milliards de dollars. Le PIB n’a donc augmenté que de 5 000 milliards de dollars, alors que la dette, elle, a progressé de plus de 20 000 milliards de dollars.
« Ce sont des déformations extrêmes non tenables, si l’on peut employer ce mot, qui ne fait qu’hurler « Danger à l’approche ! ». Le chaos est arrivé. Et sa résolution ne va pas être jolie jolie », conclut Stockman.