Il n’y a pas à s’illusionner. L’attaque contre la Libye n’est pas un acte de défense des pauvres civils maltraités par Kadhafi, mais a pour objectif le contrôle des ressources minérales (par exemple le phosphate) et du pétrole, dont les réserves sont non seulement parmi les plus importantes en Afrique mais aussi parmi les meilleures du monde (très peu de soufre).La recette a déjà été appliquée en Serbie. Des pauvres civils en fuite, des télévisions atlantistes qui retransmettent sur les ondes des images de femmes et d’enfants qui pleurent vues seulement d’une partie du front, pendant que l’autre n’a ni femmes ni enfants morts ni déplacés.
Après de telles informations, une intervention humanitaire pour tuer ceux qui ne nous plaisent pas et pour corrompre et occuper ceux qui nous plaisent s’impose. Un chef d’Etat comme Kadhafi est devenu seulement maintenant un dictateur, parce qu’hier, on ne savait pas qu’il en fut. A part le fait qu’avant de parler de Kadhafi, il faut définir le terme « dictateur » au vu de la société dont on parle. Notre perception de la vie, en tant qu’Européens, n’est pas la même qu’un Africain.
Et ce n’est pas à nous, Européens, de savoir qui a raison mais de laisser chacun respirer l’air qu’il veut dans sa propre maison. Les images et les informations propagées sur nos ondes ne sont pas celles qui sont retransmises dans d’autres parties du monde. Par exemples, ces civils que le président des Etats-Unis, Barack Obama, a défini comme étant « la population libyenne qui devait être protégée », sont des civils qui utilisent des armes automatiques, de l’artillerie légère antiaérienne… armés à partir de l’étranger et aidés par des instructeurs provenant des pays atlantiques, actuellement essentiellement britanniques. La Libye connaît une situation de guerre civile fomentée par l’étranger, guerre dans laquelle l’Occident monte les tribus libyennes les unes contre les autres. La défense de la démocratie n’est donc qu’un prétexte derrière lequel se cache la nécessité d’occuper militairement le pays.
En vérité, la vérité est bien différente de celle représentée par ceux qui répandent la mort en Libye. Les uniques producteurs arabes de pétrole encore hors du contrôle atlantiste sont la Libye, la Syrie (l’un des prochains objectifs des Etats-Unis ou de l’OTAN – c’est du pareil au même) et l’Iran, dont l’agression répond à un souhait à peine dissimulé du monde sioniste. On pourrait se demander pourquoi la Ligue arabe a dans un premier temps pris la défense des attaquants ? On peut se rendre facilement compte que dans cette Ligue se trouvent les plus grands producteurs arabes de pétrole, lesquels ont profité de la crise libyenne pour augmenter les prix de l’or noir tout en s’appropriant déjà une partie de la participation libyenne à la production. Ces pays donnent ainsi un coup de main à ceux qui créent l’environnement dans lequel ils seront pillés, un jour ou l’autre, à leur tour.
La définition de la guerre qu’en fait que le grand écrivain Ernest Hemingway est donc toujours d’actualité : « La guerre est provoquée et faite par les porcs qui en retirent quelque profit ». Mais quand la Ligue arabe s’est rendu compte qu’on allait dépasser le stade des sanctions et tuer d’autres frères musulmans pour des motifs autres que chasser du pouvoir Kadhafi, elle s’est opposée aux raids américains, anglais et français. Les mass media atlantistes se sont dans le même temps mis promptement au service du « Grand Frère » et, au lieu de divulguer des informations avérées, créent des images télévisées aux antipodes de la réalité, se rendant complices d’un crime de guerre parce qu’ils incitent à la haine contre le peuple libyen.
Ainsi, la chaîne Al Jazira (sous contrôle américain) relatait depuis des jours l’existence de combats à Tripoli, alors que le reporter militaire serbe de réputation mondiale, Miroslav Lazanski, présent sur les lieux depuis le début, témoigne : « je me suis promené ce matin à travers les rues de la ville, et il n’y avait aucun combat. Tripoli est une ville tranquille ; vendredi est ici le jour de repos hebdomadaire (le 18 mars – NDLR), et seul le marché aux poissons près du port est agité par les cris des vendeurs et des clients. Les fontaines sont en état de marche, et les policiers sont tranquillement installés dans leur voiture aux carrefours. On n’entend pas même un coup de feu ».
Les media pro-atlantistes font au contraire état de désordres. Et il faut désormais s’attendre à un missile de la « coalition » frappant ce marché pour détruire cette image idyllique, avec à la clé un nombre toujours trop important d’innocentes victimes civiles coupables de n’avoir pas accepté la politique d’agression et d’occupation de leur pays. Rien que du déjà vu, en somme.
Les Libyens affirment qu’il y a à Benghazi soixante-dix instructeurs militaires britanniques dont la mission est d’aider les rebelles. La télévision libyenne a montré les caisses de munitions destinées aux rebelles en provenance du Qatar ; des entretiens téléphoniques entre les ambassadeurs, américain et britannique, et les chefs de l’opposition à Benghazi ont été radiodiffusés. Les deux ambassadeurs se demandaient dans quelle mesure ils pouvaient les aider. Les objectifs en Libye seront avant tout des postes de commandement libyen près de Tripoli, les radars, les aéroports militaires d’al-Adam et Tripoli, les écoles militaires près de Benghazi et Misurata, et les bases marines de Tripoli, d’al-Khums, de Derna, etc.
Et si Kadhafi continue de résister, nous assisterons aux traditionnels « dégâts collatéraux », c’est-à-dire que l’OTAN frappera des objectifs civils, des infrastructures civiles et les civils eux-mêmes, arguant de regrettables erreurs, même si ces « erreurs » avaient été faites à dessein pour éprouver la résistance du peuple et écorner les soutiens qu’a encore indubitablement Kadhafi auprès de lui. N’oublions pas que les citoyens libyens avaient une espérance de vie plus haute que les autres nations arabes environnantes, qu’elles ne payaient pas d’impôts, ni la lumière, ni le gaz, ni l’électricité, qu’un million et demi de travailleurs étrangers étaient venus en Libye pour y trouver du travail qu’ils n’ont maintenant plus. L’essence coûtait jusqu’à aujourd’hui un euro… les 18 litres. Alors, la démocratie, c’est ce type de vie sociale ou bien celle que nous offrent les agresseurs, une démocratie que nous ne connaissons que trop en Europe.
Les Libyens savent qu’ils devront payer après l’occupation otanienne car le pétrole et le gaz ne seront plus leur propriété. Et comment ces agresseurs pensent-ils exporter leur démocratie dans un pays où n’existe aucun parti mais où les chefs de tribu ont un rôle traditionnel ? Et puis, qui a le droit d’imposer à l’autre son propre mode de vie ? Ce sont ces imbéciles qui n’ont jamais lu le Coran ou pis, qui ne Le respecte pas ou ne respecte pas la religion musulmane ? Les occidentaux doivent se mettre une bonne fois pour toute en tête que ce qui rend heureux un Parisien fait souvent vomir un Libyen, un Serbe ou un bouddhiste. Le hamburger n’est pas le plat de tout le monde.
La Libye a peu d’arguments militaires face à l’OTAN. Des missiles russes de grande portée SA-2, SA-5, puis SA-3, Sa-6 Sa-7, SA-8, SA-9, SA-13 et des missiles français « Crotale ». Des canons antiaériens. En clair, un arsenal militaire sous-dimensionné face à des armées technologiquement bien supérieures. Nous ne savons rien du moral véritable de l’armée libyenne. Mais si cette armée est vraiment décidée à défendre son pays, il faudra s’attendre à des mois de bombardements, du sang versé et une augmentation du prix du pétrole. En clair, une nouvelle crise économique. Ce qui veut dire que les Etats-Unis vont faire porter le poids de cette crise que les épaules des citoyens d’Europe et d’autres continents. C’est l’Oncle Sam qu’il faut tuer !
Capitaine Martin