L’agence de notation chinoise Dagong Global Credit Rating vient de revoir à la baisse la note de la dette souveraine des pays occidentaux. Il n’y a que la Suisse, la Norvège et l’Australie qui conservent la note maximale AAA. Selon Andreas Höfert, chef économiste d’United Bank of Switzerland (UBS), l’ensemble des agences de notation devrait rapidement emboiter le pas de Dagong et confirmer la dégradation de la note des pays concernés.
Un coup Dagong que les Etats ne peuvent ignorer
Les Européens en rêvaient, les Chinois l’ont fait : une agence de notation non anglo-saxonne que les marchés devront prendre au sérieux. Alors que les Standard & Poors, Moody’s et autre Fitch s’évertuent à tirer sur les ambulances que sont les pays du sud de l’Europe – justifiant ainsi leur réputation d’être à la fois pompiers pyromanes et de ne prévoir qu’a posteriori un défaut de crédit – l’agence chinoise Dagong Global Credit Rating s’est penchée sur la dette souveraine des pays occidentaux.
Et là, plus de tabou. Les Etats-Unis se retrouvent avec une note de AA, le Royaume-Uni et la France avec AA –, l’Italie, l’Espagne et la Belgique avec A–. L’Allemagne, le Canada et les Pays-Bas s’en sortent un peu mieux avec la même note que la Chine : AA +. Le maximum, AAA, n’est accordé qu’à la Suisse, à la Norvège et à l’Australie ainsi qu’à quelques petits pays.
On pourra ironiser quant au bagage idéologique d’une telle démarche réalisée par une agence que nous Occidentaux soupçonnerons – probablement à juste titre – d’être dépendante du pouvoir chinois. Mais force est de constater qu’il s’agit bien d’un miroir très peu flatteur que nous tend l’Empire du Milieu. Avec des dettes d’Etat qui devraient atteindre les 100% du produit intérieur brut d’ici deux ou trois ans, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France vont probablement voir leurs notations réduites dans un avenir proche. En effet, il n’y a jusqu’à présent jamais eu d’Etat présentant des dettes supérieures à 100% de leur PIB et bénéficiant d’une notation AAA de leurs emprunts.
Dagong ne fait donc qu’anticiper. Et c’est bien la moindre des choses que l’on demandera à une agence de notation. Sur ce point, les Chinois se révèlent autrement plus crédibles que les agences anglo-saxonnes. Lorsqu’on sait en plus que la Chine est détentrice d’environ mille milliards de dollars de dette publique américaine, on pourra même s’étonner de la témérité de Dagong, tant sa notation pourrait avoir un impact négatif sur la valeur des avoirs publics chinois.
Enfin, ceux qui sourient à l’idée d’une agence chinoise susceptible un jour de peser sur les marchés ne devraient pas oublier que Dagong représente un pays créancier. Au contraire, S & P, Moody’s et Fitch viennent de pays débiteurs. Si vous prêtez de l’argent, préférez-vous vous-même juger de la qualité de l’emprunteur ? Ou faites-vous confiance aux dires de celui-ci ?
Les notations de Dagong sont un nouveau signe du glissement progressif et inexorable du pouvoir économique mondial vers l’Orient et les marchés émergents. En fin de compte, celui qui paye est toujours celui qui décide.