L’agence d’évaluation financière Standard & Poor’s (S&P) a abaissé d’un cran la note de la dette à long terme de l’Espagne, de "AA+" à "AA", selon un communiqué publié mercredi 28 avril, au lendemain de décisions similaires concernant la Grèce et le Portugal.
S&P justifie cette décision par la mauvaise situation économique de l’Espagne, qui va peser selon elle sur des finances publiques déjà mal en point, alors que plusieurs pays de la zone euro, dont l’Espagne, provoquent l’inquiétude sur les marchés à cause de leur situation budgétaire, faisant craindre une contagion de la crise grecque. L’économie espagnole peine à sortir de la récession où elle se trouve plongée depuis la fin 2008.
Ces mauvaises perspectives économiques vont peser sur les finances publiques espagnoles et des réformes supplémentaires seront nécessaires pour leur assainissement, estime l’agence de notation. "Nous estimons que la croissance réelle du PIB [espagnol] sera en moyenne de 0,7 % par an sur 2010-2016, contre une prévision antérieure supérieure à 1 % par an", a déclaré S&P dans son communiqué.
Suite à cette annonce, la vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega, a lancé un appel au calme et à la "tranquillité". "Nous avons un plan très sérieux de consolidation fiscale et de réduction du déficit pour le ramener à 3 % en 2013. Nous avons adopté un plan d’austérité, nous avons mis en marche une réforme du marché du travail. Nous sommes en train d’adopter toutes les mesures pour tenir nos engagements", a-t-elle ajouté.
Le gouvernement espagnol a adopté fin janvier un plan d’austérité fixant pour objectif des économies de 50 milliards d’euros sur trois ans afin de ramener le déficit public à 3 % du produit intérieur brut en 2013 contre 11,2 % actuellement selon Eurostat.
Mardi, S&P avait dégradé la note du Portugal de deux crans, à "A-" contre "A+", tout en allouant une perspective négative. L’agence de notation visait dans ce cas spécifiquement les finances publiques portugaises "structurellement faibles, nonobstant les importantes réformes structurelles du secteur public ces dernières années".
Elle avait dans le même temps abaissé de trois crans la note de la Grèce, de "BBB+" à "BB+", la reléguant dans la catégorie des investissements spéculatifs en raison des "défis politique, économique et budgétaire auxquels doit faire face le gouvernement grec dans ses démarches pour aboutir à un allègement pérenne de sa dette".
La Bourse de Madrid, qui reculait aux alentours de 1 % peu avant l’annonce sur l’Espagne, a dévissé dans les derniers échanges. L’Ibex-35 s’est replié de 2,99 %. L’annonce de la dégradation du Portugal la veille avait entraîné une chute de 4,19 % de l’indice des valeurs vedettes espagnol. Le Portugal et l’Espagne sont deux pays généralement cités par les observateurs comme victimes potentielles au sein de la zone euro d’un effet domino de la crise de la dette de la Grèce, un pays que l’UE et le FMI peinent à sauver.