Il ne s’agit pas ici d’un article récupération (qui pourrait pourtant faire l’objet d’une bonne rubrique, en ces temps d’indignations progressiste et nationaliste), mais d’une mise en miroir de trois sujets : 1, le meurtre de Lola, pour l’instant inexpliqué ; 2, les « enfants zouhris » au Maghreb ; et les « viscères trésors » de la médecine asiatique. Il y a un lien conceptuel entre ces trois données.
D’abord, le meurtre de Lola, dont nous ne savons rien : rien sur l’embrouille entre gardiens d’immeubles, rien sur les parents de Lola, reçus à l’Élysée (tous les proches de victimes de faits divers sordides n’ont pas droit à la réception présidentielle, sauf quand ce pauvre François Hollande s’est déplacé dans la chambre d’hôpital du jeune Théo, racaille de son état, une véritable gifle aux forces de l’ordre), rien non plus, à part des hypothèses, sur son état final, après le viol, les tortures et les plaies à l’arme blanche. Une vidéo de la jeune Algérienne prétendument déséquilibrée qui a enlevé Lola tourne actuellement, qui ressemble à toutes les vidéos de jeunes filles qui se rêvent influenceuses... Mais parlons d’abord des enfants zouhris.
Étrangement, en France, chez Hanouna, c’est Georges Fenech, l’homme clé (voire verrou) de la commission parlementaire sur les grands attentats de France, qui fait le lien entre Lola et les enfants zouhris (cliquez sur l’image pour l’écouter) :
Nous savons plus précisément, même si cela n’a peut-être rien à voir avec le meurtre de Lola, ce que sont les enfants zouhris, grâce au site Maghreb Observateur, qui a inspiré Fenech. En voici le résumé :
On appelle enfants zouhris, au Maroc et en Algérie, des enfants présentant un morphotype et des caractéristiques bien particuliers. En effet, ce sont souvent des enfants roux aux yeux bleus ou blonds aux yeux clairs et ils doivent présenter une ligne continue qui traverse la paume de la main. Ces enfants zouhris sont dits « Chanceux » car ils permettraient d’accomplir des miracles et en particulier de découvrir des trésors enfouis.
Ces enfants zouhris sont systématiquement recherchés et kidnappés pour être ensuite revendus aux Fkihs pour une somme allant de 1000 dirhams à 450 000 dirhams. Ils seront ensuite sacrifiés aux djinns sur l’autel de Satan dans le cadre d’un rituel censé permettre la découverte de trésors enfouis sous terre depuis des siècles. Les enfants Zouhris sont enlevés et égorgés pour faire une offrande aux djinns qui sont les gardiens des trésors. Ces djinns exigeraient une certaine quantité du sang de ces enfants pour permettre aux chercheurs de déterrer des trésors.
S’ensuit la description des actes barbares, et même satanistes, exécutés sur ces malheureux enfants. Le site donne des exemples d’innocents récupérés in extremis avant et après torture, ou « rituel ».
Hamani Yacine avait été retrouvé, 36 heures après son enlèvement, dans une zone isolée de la commune de Sidi Abed dans un état critique. Il avait subi de nombreuses blessures à l’arme blanche sur plusieurs parties de son corps et avait une hémorragie.
Naturellement, on en arrive au trafic d’organes. C’est comme si la tradition occulte la plus arriérée rejoignait le business contemporain le plus tordu, le plus amoral, et peut-être le plus rémunérateur : vendre un enfant à la découpe.
On se rappelle qu’en mai 2008, les services de la gendarmerie de Maghnia avaient mis hors d’état de nuire un réseau de trafic international d’organes dans lequel était impliqué un Marocain, S. M., âgé de 30 ans, qui a tenté d’enlever un enfant de 2 ans à Maghnia et qui avoua, lors de son audition par les enquêteurs de la Gendarmerie nationale, qu’il appartenait à un important réseau de trafic d’organes implanté à Oujda, au Maroc, où un certain Abdeljalil Amar les attendait pour transférer l’enfant dans une clinique privée. (...)
Les enfants devaient-ils être eux aussi conduits à la clinique de Oujda ? Selon D. Abdelkader, un trabendiste connu à Bab El Assa et très au fait de ce qui se passe à Oujda, « la clinique appartient à un juif, mais les enfants sont aussi enlevés pour leurs particularités physiques qu’on appelle les Zouhris que les ravisseurs vendent à des prix excessivement élevés. »
On ne peut pas se fier totalement à la parole d’un trabendiste (trafiquant), il sera donc difficile de vérifier la confession du propriétaire de la clinique, surtout que sévit un certain antisionisme ou un antisionisme certain au Maghreb. Mais l’essentiel figure dans le dernier paragraphe, qui prouve la relation pratique entre cette recherche de « trésor » avec le marché des organes humains.
On a rapporté que plusieurs enfants de moins de six ans, portés disparus, ont été affreusement mutilés dans les régions rurales marocaines où la sorcellerie, le charlatanisme et les actes sataniques de la magie noire ont jeté l’effroi sur l’ensemble du territoire chérifien. À Adjelmous, région de Khenifra, des dizaines d’enfants ont été enlevés entre 1999 et 2003 par des adeptes de la magie noire. On a retrouvé leurs corps mutilés dans la forêt toute proche.
Les faits sont donc avérés par les enquêteurs locaux. Il y a un pont entre la tradition et la modernité, et c’est là où nous plaçons notre 3e sujet : la médecine chinoise. Et là, rien à voir avec le trafic d’organes, il s’agit juste de vocabulaire. Pour ceux qui s’intéressent à cette méthode de soin non allopathique, les organes vitaux, ceux des entrailles, sont aussi appelés viscères trésors.
Les organes sont souvent appelés les viscères « trésors ». Ils voient constamment à conserver et à renouveler les substances de l’organisme de manière non seulement à maintenir un milieu propice à la vie physique, mais aussi à préserver la base nécessaire à l’expression de la vie psychique.
On retrouve en d’autres termes l’homéostasie du Pr Claude Bernard, et du Pr Henri Laborit, qui a réutilisé le concept pour sa théorie des niveaux d’organisation (atome, molécule, cellule, tissu, organe, organisme, société). C’est l’occasion de rappeler cette définition tirée de l’encyclopédie Universalis :
Claude Bernard, en 1865, dans son Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, crée le concept : « Tous les mécanismes vitaux, quelque variés qu’ils soient, n’ont toujours qu’un but, celui de maintenir l’unité des conditions de la vie dans le milieu intérieur. » Mais le mot « homéostasie » a été forgé par W. B. Cannon à partir de deux mots grecs : stasis (« état, position ») et homoios (« égal, semblable à ») ; il définit la stabilisation des états qui permettent les processus biologiques de la vie, telle qu’elle ressort de cette phrase extraite de The Wisdom of the Body : « Les êtres vivants supérieurs constituent un système ouvert présentant de nombreuses relations avec l’environnement. Les modifications de l’environnement déclenchent des réactions dans le système ou l’affectent directement, aboutissant à des perturbations internes du système. De telles perturbations sont normalement maintenues dans des limites étroites parce que des ajustements automatiques, à l’intérieur du système, entrent en action et que de cette façon sont évitées des oscillations amples, les conditions internes étant maintenues à peu près constantes [...]. Les réactions physiologiques coordonnées qui maintiennent la plupart des équilibres dynamiques du corps sont si complexes et si particulières aux organismes vivants qu’il a été suggéré qu’une désignation particulière soit employée pour ces réactions : celle d’homéostasie. »
Ce système de maintien de la structure par le niveau d’organisation supérieur sera mieux illustré encore au siècle suivant avec « l’invention » de la cybernétique.
Pour ce qui concerne l’affaire Lola, un 4e sujet nous vient à l’esprit : celui de la jeune Italienne qui avait été enlevée, torturée et découpée par quatre Nigérians. À la relecture de cet article (en renvoi), on tombe sur d’étranges coïncidences avec l’affaire qui émeut actuellement la France :
Pour finir, ces trafics d’organes avec enlèvements d’enfants ne sont pas l’apanage du Maghreb, loin de là : justement, pas loin de chez nous, à la frontière de la Pologne, là où 4 millions de réfugiés ukrainiens sont passés, des enfants disparaissent comme par magie, et c’est l’Unicef qui le dit, pas les adeptes du réseau pédocriminel tout-puissant. Les mafias viennent y faire leur marché, comme la bande à Dutroux dans les années 80 en Roumanie. Et Dutroux, c’est la Belgique, tout contre notre chère France.
Le site The Conversation, pourtant de gauche universitaire bien-pensante (ouh, le double pléonasme), a estimé le prix de nos organes (en 2019) :
Selon le magazine Popular Science, en Inde, le prix d’un rein est de 20 000 dollars, en Chine, de 40 000 dollars, et en Israël, de 160 000 dollars. Aux États-Unis, un rein s’évalue à 45 000 dollars, 40 000 pour un foie, et 5 000 pour une cornée. Sans compter les honoraires du chirurgien et les frais annexes… Il existe dans certains pays un véritable marché noir de la vente d’organe, parfois dans un contexte de « tourisme de transplantation ».