Dans la continuité du basculement politique de l’Ukraine, les conséquences en termes de politique économique ne se sont pas fait attendre.
La semaine dernière, le premier ministre Arseni Iatseniouk, à présent démissionnaire, avait appelé les exportateurs à se préparer à cesser leurs relations commerciales avec la Russie. Le gouvernement, qui espère écouler sur le marché européen les produits ukrainiens, estime que cet arrêt du commerce pourrait causer des pertes s’élevant à 5 milliards de dollars [1].
Les nouvelles orientations politiques justifient la mise en marche d’une politique d’austérité. Iatseniouk a ainsi récemment déclaré :
« Le pays a besoin d’entretenir son armée ; il nous faut rebâtir les infrastructures militaires, donner tout ce qui est nécessaire aux victimes et payer les militaires. C’est pourquoi il faudra arrêter la plupart des programmes sociaux. »
Le gouvernement prévoit en outre d’équilibrer le budget en privatisant de nombreux actifs dans l’énergie, la chimie, et la finance. Vont ainsi être mis en vente 78 % des actions du Centrenergo, 25 % des actions des stations de Dniepr Energo, Zapat Energo, Donbas Energo, Kiev Energo, Donetsk Energo, Odessa Energo, Soumy Energo, 60 % de Zaparog Energo, 70 % de Nicolaï Energo, 65 % de Kharkiv, 46 % de Cherkasy et 99,9 % de la centrale énergétique de Dniprodzerzhyns’k. Sera également mise en vente l’usine du port d’Odessa [2].
Le chef de mission du FMI Nikolai Georgiev, après deux semaines de travail en Ukraine, a déclaré que le pays remplit à present les conditions fixées par le FMI en mars dernier pour leur collaboration future. Étaient demandées, parmi d’autres réformes : une hausse du prix du gaz, le gel des salaires et retraites des fonctionnaires, et l’assouplissement du taux de change [3].
Le premier ministre a également annoncé la préparation d’un nouveau « plan Marshall » pour l’Ukraine, qui doit être présenté cet automne auprès d’investisseurs étrangers.
Le Vikna, journal local de la région des pré-Carpates, dévoile que le recrutement militaire a d’ores et déjà commencé : tous les hommes de moins de 50 ans doivent se présenter aux commissariats militaires. Selon Igor Sorokopoud, commissaire militaire d’Ivano-frankivsk, il ne s’agit pas d’une mobilisation à proprement parler mais d’un recensement permettant de déterminer le nombre de combattants, leur état de santé, et leur domiciliation [4].