La chambre haute du Parlement ouzbek a approuvé jeudi une loi interdisant d’accueillir des bases militaires étrangères sur le territoire de cette ancienne république soviétique d’Asie centrale, frontalière de l’Afghanistan.
La loi sur la conception de la politique étrangère de l’Ouzbékistan, proposée par le président Islam Karimov et votée par les sénateurs ouzbeks après son approbation début août par les députés de la chambre basse, interdit également à ce pays à majorité musulmane de participer à des alliances militaires, ainsi qu’à des opérations de maintien de la paix à l’étranger.
L’Ouzbékistan se réservera aussi le droit de se retirer des structures interétatiques si celles-ci deviennent des blocs politico-militaires, a déclaré devant les sénateurs le ministre ouzbek des Affaires étrangères, Abdoulaziz Komilov, lors de l’adoption de cette loi qui doit encore être promulguée.
Fin juin, l’Ouzébkistan avait annoncé son intention de se retirer de l’Organisation du Traité de sécurité collective (ODKB), l’Otan russe (Russie, Arménie, Bélarus, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan et Tadjikistan), sur fond de tensions avec Moscou.
Aux yeux de l’analyste russe Andreï Grozine, l’adoption de cette loi a pour objectif à la fois de prévenir une éventuelle réaction négative de Moscou à la décision de l’Ouzbékistan de quitter l’ODKB et d’inviter au dialogue les pays occidentaux intéressés par l’installation de bases dans la région.
Il semble douteux que l’Ouzbékistan ait décidé de devenir un Etat neutre, a déclaré à l’AFP M. Grozine, expert de l’Asie centrale.
Il s’agit apparemment d’un message à la Russie et en même temps d’une invitation à l’Occident de proposer son prix pour l’installation en Ouzbékistan d’infrastructures de logistique, de stockage et de transport, a-t-il estimé.
L’Ouzbékistan avait fermé en 2005 une base militaire des Etats-Unis utilisée pour le ravitaillement des troupes américaines stationnées en Afghanistan, en raison des critiques américaines qui avaient suivi la répression d’un soulèvement à Andijan (est).
L’Allemagne, autre pays membre de l’Otan, utilise depuis 2002 un aéroport ouzbek à Termez, à la frontière avec l’Afghanistan, et quelque 300 militaires allemands - pour la plupart du personnel de maintenance - y sont stationnés. Berlin pourra continuer à utiliser cet aéroport qui n’a pas le statut de base militaire et sert de centre de transit où aucun armement militaire n’est autorisé, a précisé M. Komilov.
Il a par ailleurs démenti des informations diffusées récemment par des médias russes, selon lesquelles l’Ouzbékistan pourrait accueillir un centre régional opérationnel des Etats-Unis après le retrait des troupes américaines d’Afganistan en 2014.
Il n’y aura aucune base, aucun centre opérationnel sur notre territoire, a-t-il martelé.