L’envoyé spécial de l’ONU pour la région des Grands Lacs, Saïd Djinnit, a prévenu mardi à Bruxelles que l’option militaire allait "être mise en oeuvre" contre les rebelles hutu rwandais des Forces démocratique pour la Libération du Rwanda (FRLR) réfugiés depuis vingt ans dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) après l’expiration de l’ultimatum à désarmer qui a expiré en début d’année.
"Nous estimons qu’après la période de grâce de six mois qui a été donnée aux FDLR pour se rendre de façon volontaire, aujourd’hui force est de constater que cela n’a pas été fait et que l’option militaire va être mise en oeuvre", a-t-il affirmé lors d’un point de presse conjoint avec le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, qu’il a rencontré au Palais d’Egmont.
"Nous sommes d’accord pour encourager toutes les parties concernées, et en particulier le travail en commun entre la Monusco (la Mission des Nations unies en RDC) et la RDC, avec le soutien de toutes les parties concernées pour que l’action militaire se mette en place rapidement et dans les meilleures conditions possibles", a ajouté M. Djinnit, un diplomate algérien.
La communauté internationale avait donné aux FDLR jusqu’au 2 janvier pour désarmer volontairement et se rendre, sans succès, malgré les menaces brandies par la communauté internationale et Kinshasa.
Devant ce constat, l’ONU a appelé les Casques bleus de la Monusco - et en particulier sa brigade d’intervention (FIB), dotée d’un mandat renforcé et composée de 3 000 Casques bleus malawites, sud-africains et tanzaniens - et l’armée congolaise à mener des opérations militaires conjointes contre les FDLR.
Convergence
Interrogé par l’agence BELGA, M. Djinnit a souligné que "toute la région" des Grands Lacs était - en dépit parfois de "différences dans les approches" - "unanime sur la neutralisation des forces négatives" présentes dans l’est congolais.
"Nous assistons à une convergence, les points de vue ont tendance à se rapprocher" pour "en finir avec les forces négatives", a souligné l’envoyé spécial.
L’Afrique du sud, qui fournit plus d’un millier d’hommes et des hélicoptères de combat à la brigade d’intervention, a ainsi annoncé lundi que ses troupes allaient entamer une action militaire contre les rebelles hutu rwandais qui refusent de désarmer volontairement.
"Tous les éléments se mettent en place" pour une "démarche militaire" en vue de procéder au désarmement forcé des FDLR, a pour sa part indiqué M. Reynders, qui a évoqué cette question - et ses inévitables conséquences humanitaires, comme le déplacement possible de dizaines de milliers de civils fuyant les combats - la semaine dernière lors d’une visite au Rwanda et au Burundi, deux des voisins de la RDC.
M. Djinnit, qui se rendra bientôt au Rwanda et en Afrique du sud, a aussi insisté sur la nécessité de renforcer la démocratie et la stabilité (alors que des échéances électorales se profilent au Burundi, en RDC et au Rwanda) et d’accroitre l’aide économique aux pays de la région des Grands Lacs, à la fois par l’aide au développement et par l’investissement privé.
"On (l’ONU et la conférence internationale sur la Région des Grands Lacs, la CIRGL) prépare une grande conférence des investisseurs privés en 2015 pour la région des Grands Lacs. Je souhaite que la Belgique et le secteur privé belge participent fortement à cette conférence", a-t-il lancé.