L’Allemagne, l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) se sont efforcés mercredi de rassurer les marchés sur l’arrivée prochaine de l’aide financière à la Grèce mais la crise de confiance se propage dans la zone euro. C’est la l’Espagne, une grosse économie cette fois, qui est visée, après le Portugal la veille.
L’agence Standard & Poors a rétrogradé le crédit espagnol de AA+ à AA, invoquant les faibles espoirs de croissance de ce pays, frappé de plein fouet par l’éclatement de la bulle immobilière et de la construction.
Or, de nombreux analystes estiment qu’il serait impossible d’élaborer un plan de sauvetage pour une économie aussi importante que celle de l’Espagne si, comme Athènes, Madrid ne pouvait plus emprunter à des taux supportables sur les marchés.
L’annonce est tombée alors que les places boursières avaient commencé à se redresser après le coup porté mardi par la dégradation de la dette du Portugal, fortement endetté, et celle, une nouvelle fois, de la Grèce.
Athènes affirme qu’il ne pourra pas rembourser ses dettes au 19 mai, à l’échéance d’obligations à dix ans, sans le prêt de 45 milliards d’euros (environ 59,8 milliards $ CAN) promis par les 15 autres pays de la zone euro (30 milliards d’euros) et le FMI (15 milliards d’euros).
Tous les regards étaient rivés sur Berlin mercredi, l’Allemagne s’étant montrée réticente ces derniers jours alors qu’elle est le plus gros contributeur de la zone euro au plan de sauvetage, avec 8,4 milliards d’euros (11,2 milliards $ CAN).
"L’Allemagne apportera sa contribution mais la Grèce doit apporter sa contribution" aussi, a déclaré la chancelière Angela Merkel à l’issue d’une réunion avec les patrons du FMI et de la Banque centrale européenne (BCE). Elle faisait référence aux sacrifices budgétaires auxquels doit consentir Athènes, malgré les mouvements sociaux que cela provoque.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schuble, a estimé qu’une fois les négociations bouclées entre la Grèce, le FMI et la BCE, le Parlement fédéral pourrait entamer l’examen du plan d’aide, peut-être dès lundi, et donner son feu vert dès le 7 mai.
"La stabilité de l’euro est en jeu et nous sommes déterminés à défendre cette stabilité dans son ensemble", a-t-il dit.
Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a insisté sur l’urgence à débloquer les fonds. "Plus cela va vite, mieux c’est. A chaque jour perdu, la situation empire", a-t-il lancé. Il a refusé de commenter des informations selon lesquelles il aurait déclaré à des députés allemands que la Grèce pourrait avoir besoin de 100 à 120 milliards d’euros sur trois ans (133 à 160 milliards $ CAN).
Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a jugé que les négociations avec Athènes devraient être terminées pour la fin du week-end.
Le premier ministre grec, Georges Papandréou, a également souligné le risque de contagion et exhorté chacun des 27 Etats membres de l’UE à "empêcher le feu attisé par la crise internationale de se propager à l’économie européenne et mondiale tout entière".
"Notre gouvernement est déterminé à corriger en très peu de temps la trajectoire qu’il a suivie pendant des décennies", a-t-il affirmé. "Nous montrerons que nous ne fuyons pas. Dans les temps difficiles, nous pouvons faire, et nous faisons des miracles."
Mais il faut plus que des paroles pour rassurer les marchés et faire cesser la spéculation contre la Grèce. Signe de la méfiance croissante, l’écart des taux d’intérêt entre les obligations grecques et leur équivalent allemand - qui sert de référence - a atteint un nouveau record mercredi, à 7,7 points. Cela signifie qu’Athènes ne pourrait emprunter sur les marchés qu’à un taux exorbitant proche de 10 pour cent.
De nombreux investisseurs craignent particulièrement une restructuration de la dette grecque, bien que les responsables européens excluent cette piste pour le moment.
Redoutant que le Portugal ne se retrouve dans la même situation que la Grèce, le premier ministre socialiste, José Socrates, a mis au point à mercredi avec le principal parti d’opposition des mesures destinées à sortir le pays de la crise. "Nous sommes prêts à faire tout ce qu’il faudra pour atteindre nos objectifs budgétaires", a déclaré le chef du gouvernement.