BP englué dans le Golfe du Mexique est-il le prochain cygne noir sur le marché des produits dérivés ? Au cœur de la géopolitique britannique, le géant est actuellement sur la sellette pour avoir trahi l’Alliance.
En 1973, la menace d’embargo pétrolier des pays de l’OPEP, pure fiction dont le scénario avait été écrit par un groupe d’oligarques de la Haute Finance Internationale et du Cartel des Pétroles (le Club Bilderberg) et dont la mise en œuvre avait été dirigée par Kissinger, avait amené ce qu’on a appelé “le choc pétrolier”.
Dans les livres d’histoire version officielle, les arabes de l’OPEP imposaient aux pays consommateurs une très forte hausse du prix du baril, mettant brutalement fin aux trente glorieuses. Dans la réalité, un accord avait été mis en place pour sauver le Dollar, banques de la City et de Wall Street et les 7 Sœurs, les compagnies pétrolières dominantes. La hausse des prix du baril allait créer un flux de pétrodollars, qui devait transiter par les banques de la City et devaient s’investir en bons du Trésor américain. Ainsi, la domination monétaire US pouvait se perpétuer, quelque soit la qualité de la gestion économique et financière des gouvernements successifs à la Maison Blanche.
Lorsque l’Iran et l’Irak annoncèrent qu’ils allaient rompre ce statu quo et allaient vendre leur pétrole ou leur gaz dans la devise de leurs clients, en Euro pour les Européens, en Yen pour les Japonais ou en RMB pour les Chinois, ces pays sont devenus des Etats terroristes pour Washington, Londres et bien sûr leurs sbires de Tel Aviv. On connait la suite.
La Chine, puissance montante et l’un des principaux créanciers des Etats-Unis, a œuvré dans le même sens en mettant progressivement en place des échanges bilatéraux avec ses principaux fournisseurs ou clients, en excluant l’usage du dollar. Russie, Japon, Brésil, Chili, Inde, Corée, Australie, Afrique du Sud et Iran ont signé de tels accords, qui affaiblissent considérablement la monnaie américaine et donnent une stature internationale au RMB.
Depuis plusieurs mois, les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite auraient également rejoint cette coalition visant à renverser la domination monétaire unipolaire américaine. En mars dernier, les Etats-Unis avaient interdit tout commerce avec l’Iran, menaçant de sanctions économiques et financières toutes les banques facilitant des transactions avec Téhéran. On se souvient que l’Inde avait tourné le problème en annonçant un troc Or contre Gaz. Le black-out de l’Inde pourrait avoir été une sanction sévère pour n’avoir pas suivi le diktat américain.
Au milieu de ce jeu monétaro-géopolitique, on trouve BP, le géant britannique du pétrole. British Petroleum, a l’instar d’ENRON ou de JP Morgan, est un des plus gros acteurs sur le marché des dérivés. Le désastre écologique de Deepwater Horizon, qui a été longtemps couvert par les différents ministères du gouvernement américain, est depuis le 5 septembre l’objet de poursuites par le Ministère de la Justice US, qui l’accusent de négligences coupables.
BP espérait ne pas avoir à aller devant un tribunal pour minimiser amendes et frais de réparation et surtout, ne pas risquer une dégradation de sa note par les agences de notation. Certains analystes comme Jim Willie considèrent que cette attaque par le Ministère de la Justice US est à rapprocher de l’attaque contre les Banques anglaises au sujet des manipulations du LIBOR. Est-ce une simple escarmouche ou une attaque frontale du géant britannique, qui pourrait se prolonger sur le marché des dérivés ?
Les raisons de cette attaque
La Grande Bretagne était net exportatrice de pétrole jusqu’en 2001, mais la production de Mer du Nord ayant fortement baissé, le Royaume Uni est aujourd’hui obligé d’importer, ce qui pèse lourd sur l’économie britannique en stagflation. Actuellement, BP achète des produits raffinés à Mangalore Refinery & Petrochimical Ltd, une compagnie indienne, qui reçoit l’essentiel de son pétrole brut d’Iran, pour le revendre à BP avec une prime.
Les capacités de raffinage de BP ne sont certes pas saturées, mais la compagnie britannique ne peut pas acheter directement le pétrole iranien sans être en contravention avec l’interdit de Washington. Elle contourne donc le problème par ce tour de passe-passe pour constituer ses réserves hivernales. Le jeu de l’Alliance est donc rompu par le premier partenaire des Etats-Unis. Les alliés se retrouvent divisés sur la conduite à tenir vis-à-vis de l’Iran pour des raisons basiques mais impérieuses d’approvisionnement. La Grande Bretagne va t’elle devoir assouplir sa politique agressive au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) pour pouvoir répondre à ses besoins énergétiques ?
La Fed peut-elle et voudra-t’elle atteindre BP par le biais des produits dérivés pour sanctionner cette violation de la règle ?
La Grande Bretagne est par ailleurs aujourd’hui dépendante de la Russie pour le gaz, qu’elle achète à des cours fixés par Gazprom, qui ne tiennent pas compte des manipulations observées sur les marchés américains. Le tandem Poutine-Medvedev semble avoir pris la main sur l’échiquier. Ils ont aujourd’hui des moyens de pression, qu’ils n’avaient pas il y a dix ans. La roue tourne.
Dans le Grand Jeu, que va devenir le pion Israël, créé ex nihilo par les Cartels anglo-américains pour diviser la région et mieux la dominer ?
Obama vient de claquer publiquement la porte aux Israéliens qui réclamaient une coopération militaire pour détruire le nucléaire iranien. Netanyahu est, on le sait, un allié dangereux difficilement contrôlable, dont les services secrets ou les services spéciaux pratiquent aujourd’hui à grande échelle les méthodes terroristes à la manière du Groupe Stern. Cette politique sioniste est couverte par un réseau médiatique surpuissant, qui maîtrise la Guerre de l’Information, comme on l’a vu pour le 11 septembre, notamment, mais aussi pour le Printemps Arabe, la Libye, la Syrie, le film récent, etc …
Quel va être le prochain mouvement de ce dangereux électron libre ?