La mesure avait été annoncée et préparée depuis plusieurs semaines déjà, et préparée depuis plus longtemps déjà. Depuis vendredi c’est fait, l’Allemagne est devenue le premier pays européen à autoriser les bébés nés sans être clairement identifiés comme garçon ou fille à être enregistrés sans indication de sexe. Dans un premier temps, les parents seront autorisés à laisser vierge la case afférente sur les certificats de naissance, créant une catégorie indéterminée dans les registres d’état-civil.
« C’est la première fois que la loi reconnaît qu’il existe des êtres humains qui ne sont ni homme, ni femme, ou sont les deux – des gens qui ne rentrent pas dans les catégorisations légales traditionnelles », a expliqué à l’AFP Konstanze Plett, professeur de droit à l’Université de Brême (nord-ouest).
Le troisième sexe : un X sur les passeports ?
La lettre est-elle bien choisie dans le cas du genre, sachant qu’on fait souvent allusion aux hommes en évoquant le Y, dû au chromosome, et le X, pour la femme, qui n’a pas de Y. Mais il s’agit ici du X comme de l’inconnu en mathématiques. En effet les passeports allemands sur lequel est apposé un « M » pour masculin ou un « F » pour féminin (et non pas Y et X) pourront bientôt arborer un « X » dans la case réservée au sexe, selon un porte-parole du ministère de l’Intérieur. La mesure devrait s’appliquer progressivement sur les autres papiers officiels. La loi entre en effet en vigueur le 1er novembre et est destinée à atténuer la pression qui pèse sur les parents, poussés à décider en urgence d’opérations chirurgicales controversées, pour attribuer un sexe à un nouveau-né dans le cas de bébés au sexe indéterminé à la naissance.
L’inconnu du troisième sexe
La loi ne permet cependant pas de répondre à certaines questions sur ce que cela signifie de vivre sans une identité sexuelle juridiquement établie. Les implications de cette réforme ne dans le futur ne sont par ailleurs pas encore très claires. S’agit-il d’une simple reconnaissance temporaire, le temps pour les parents de choisir l’un des deux sexes pour les bébés mal-formés, ou bien s’agit-il d’une reconnaissance sociale plus large de tout ce qui n’est ni vraiment homme, ni vraiment femme, ou de tout ce qui ne l’est plus… ?
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